Editorial
Éditorial
La France a choisi début mai une voie clairement tournée vers l’ouverture et l’Europe. Une voie résolue où le président de la République a très vite et très clairement démontré qu’il endossait la tenue de chef des Armées. Avec gravité et responsabilité, alors même que les menaces se sont encore accrues avec les récents attentats, notamment à Manchester.
La multipolarité agressive qui règle désormais les affaires mondiales est en effet une réalité qui n’accorde aucun délai, aucun état de grâce aux nouveaux élus. En quelques jours, notre partenaire allemand, nos forces engagées au Sahel, le Sommet de l’Otan, celui du G7 et enfin la rencontre à Versailles avec Vladimir Poutine, ont montré que la dimension internationale est bien du ressort du chef de l’État.
Si le terrorisme islamiste reste au cœur de l’agenda avec ses attaques où l’ubiquité est jumelée à la barbarie, il ne faut pas pour autant négliger d’autres questions stratégiques. La Chaire des Grands enjeux stratégiques de Paris Panthéon-Sorbonne a choisi pour sa quatrième saison de traiter principalement de la Russie, en évitant de tomber dans la passion et la « propagande ». La Russie est-elle une puissance européenne qui veut s’ignorer ? Y a-t-il un retour à la guerre froide que les plus jeunes n’ont désormais pas réellement connue ? Moscou est-il un acteur bienveillant ou mal intentionné en pratiquant une ingérence tous azimuts ? Le mérite des contributions ici rassemblées est de représenter des approches polymorphes y compris russes, permettant dès lors une meilleure compréhension des enjeux. Il en ressort notamment plusieurs enseignements : le besoin de dialoguer, le besoin de connaître et enfin, le besoin d’être vigilant, en n’oubliant jamais que le rapport de forces a toujours été une des clés du fonctionnement de la politique étrangère russe, des Tsars, en passant par l’URSS et jusqu’à Poutine inclus. Dès lors, les discussions peuvent commencer…
Le second sujet de la Chaire porte sur les espaces sous-marins. Ceux-ci font l’objet d’une compétition féroce et très silencieuse, loin des préoccupations quotidiennes. Or, une partie de notre avenir s’y joue, en tout cas de notre souveraineté. La France, avec la deuxième zone économique exclusive, ne peut l’oublier et la surveillance de ces espaces est plus que jamais indispensable, alors même que la concurrence s’accroît pour contrôler une partie du Globe encore très mal connue.
Ce numéro de juin, en attendant le numéro triple de l’été, clôture ainsi le cycle 2016-2017, marqué par une accélération des incertitudes stratégiques (Brexit, élections américaines, intransigeance russe, expansionnisme naval chinois, terrorisme islamiste…) auxquelles notre pays est confronté. Ce fut aussi le temps d’une élection présidentielle avec des projets très divergents tant dans le fond que la forme. Le choix fait le 7 mai est clair et démontre une volonté de renouvellement et d’ouverture. La défense n’a pas été absente du débat électoral, heureusement ! Mais il appartient maintenant de concrétiser le projet et de donner une perspective et des moyens pour que les missions à venir puissent être assumées avec succès par nos Armées. ♦