Matières premières et échanges internationaux
Le caractère vital des matières premières ne date pas de l’intense débat international qui s’est instauré à leur sujet au cours des années 1970. Marx et Engels avaient déjà, pour leur part, souligné : « Les matières premières sont une question de vie ou de mort pour les nations civilisées dont les industries travaillent non plus des matières premières indigènes mais des matières premières appartenant aux régions les plus lointaines… », comme le rappellent fort opportunément les auteurs de ce solide volume. Il s’agit d’une œuvre collective à laquelle ont contribué de nombreux experts qui se sont efforcés de résumer chacun, en quelques pages, l’essentiel du champ de leur spécialité.
L’ensemble constitue, de ce fait, un panorama extrêmement riche au sujet de l’économie internationale des matières premières. Tous les rouages du processus menant de l’extraction, du conditionnement, du transport à la vente et à l’utilisation semi-finale sont décrits à l’aide d’exemples précis et d’abondantes données chiffrées qu’il serait fort difficile de réunir en ordre dispersé. Trois approches fondamentales sont ici tour à tour explorées. Une description très détaillée du fonctionnement des marchés mondiaux de matières premières permet d’appréhender tout d’abord, le rôle des bourses de commerce et des marchés à terme, d’illustrer le rôle du financement et de l’assurance dans les opérations internationales sur les matières premières et de montrer comment fonctionne le marché du fret, largement ignoré. Près de la moitié de l’ouvrage est ensuite consacrée, à juste titre, à la description de la politique des États, qu’il s’agisse des principaux consommateurs (CEE ou Communauté économique européenne, États-Unis), des États producteurs (après une étude générale des associations de producteurs, des exemples caractéristiques sont fournis avec les marchés du cuivre, du phosphate, du café et du cacao).
On appréciera les vivantes et fort riches descriptions des négociations internationales menées dans ce domaine. Enfin, la politique des opérateurs privés que ceux-ci interviennent au stade de la production, du négoce ou qu’ils soient constitués de puissantes sociétés multinationales, est décrite à l’aide d’exemples toujours judicieusement choisis et fort bien présentés.
Le commerce des produits primaires a représenté en 1976, 406 milliards de dollars dont 22 Mds pour les métaux non ferreux soit 40 % du commerce mondial. La part des combustibles et carburants en représente près de la moitié (48 %).
Qu’il s’agisse du transport maritime, de la constitution de stocks stratégiques ou des politiques de prospection et de diversification sur tous ces points, cet ouvrage apporte une abondante documentation et fournit des analyses fort claires, diversifiées et toujours pénétrantes. Il s’agit là certainement de l’ouvrage le plus riche écrit en langue française, sur cette question centrale de notre temps. ♦