La théorie des dominos, qui consistait à proclamer qu'après le passage de l'Indochine dans le camp communiste, la Thaïlande et la Malaisie tomberaient à leur tour, semble se révéler chaque jour un peu plus fausse. Le Vietnam rencontre de grandes difficultés pour imposer sa loi au Laos et au Cambodge, et doit faire face à la menace de la Chine. En outre, le conflit sino-vietnamien a eu pour conséquence que le parti communiste de Thaïlande s'est scindé en deux groupes, l'un prochinois et l'autre prosoviétique (voir notre article « L'éclatement du parti communiste de Thaïlande », Défense Nationale, juin 1980). En Malaisie, le mouvement communiste est confronté à de graves problèmes depuis que le parti communiste s'est divisé en trois tendances.
Les trois partis communistes de Malaisie
C’est à partir de 1923 que les premiers agents chinois communistes arrivent en Malaisie et à Singapour. En 1926, ils constituent à Singapour le syndicat général des mers du sud, qui change son nom, en 1928, en parti communiste des mers du sud. Puis se forme le PC de Malaisie (PCM) en 1930. Aussitôt, la police anglaise en capture les principaux dirigeants, le réduisant presque à néant. Par un curieux renversement de l’histoire, ce seront les Britanniques qui favoriseront sa véritable naissance.
En décembre 1941, quelques jours avant l’invasion japonaise, le PCM contacte les autorités anglaises pour leur proposer sa coopération. L’offre est acceptée et les membres du PCM sont entraînés à la guerre de jungle. Peu avant la chute de Singapour, les communistes ayant reçu une formation militaire sont disséminés en Malaisie, pour être finalement encadrés en des régiments indépendants constituant l’armée populaire malaise anti-japonaise (APMAJ). En avril 1945, le PCM dévoile son nouvel objectif à ses troupes, qui est « la lutte pour la libération nationale » et le développement de forces armées afin de créer une « armée de libération » dans le but d’établir une république démocratique populaire à la fin des hostilités. Les Britanniques sont conscients de ces visées, mais décident de prendre un risque calculé en soutenant les unités de guérillas du PCM qui se révèlent encore d’une nécessité vitale face aux Japonais (1). En décembre 1945, après la reddition japonaise, les guérilleros formés par les Britanniques sont démobilisés et forment une association des anciens de l’APMAJ et la fédération des syndicats pan-malais, infiltrant en même temps tous les autres syndicats. En outre, de nombreuses armes ont été gardées, et près de 4 000 guérilleros recrutés durant la guerre demeurent cachés dans les jungles.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article