L’Europe doit changer son approche et repenser sa défense en améliorant tous les mécanismes, y compris avec l’Otan. De nouvelles initiatives prometteuses se mettent en place afin de favoriser des engagements communs, de faciliter des projets et de trouver des financements permettant de répondre avec plus d’efficacité aux défis sécuritaires.
Initiative européenne d’intervention : vers l’avenir avec la facilité européenne de paix
The European Intervention Initiative: Looking to the Future with the European Peace Facility
Europe needs to change its approach and to revisit and improve its defence arrangements, including those with NATO. Promising new initiatives are being put in place in order to encourage common commitment, facilitate projects and find finance to respond more effectively to security challenges.
Dans son discours sur l’Europe, à la Sorbonne, le 26 septembre 2017, le président Macron a appelé à un changement profond des habitudes et des mentalités en termes de défense de l’Europe en évoquant une initiative européenne d’intervention (IEI, EI2 en jargon bruxellois) visant à développer une culture stratégique partagée. Il a ainsi proposé à nos partenaires d’accueillir dans les armées nationales « des militaires venant de tous les pays européens volontaires pour participer, le plus en amont possible, aux travaux d’anticipation, de renseignement, de planification et de soutien aux opérations. Au début de la prochaine décennie, l’Europe devra ainsi être dotée d’une Force commune d’intervention, d’un budget de défense commun et d’une doctrine commune pour agir ».
Cette initiative s’inscrit dans un contexte porteur et tendu. Le Royaume-Uni, très atlantiste et sonné par le Brexit avec ses conséquences politiques et économiques, n’est plus en mesure de contrecarrer techniquement de l’intérieur du dispositif européen les projets qui ne lui conviennent pas. Il reste heureusement lié politiquement à la France par le Traité de Lancaster House du 2 novembre 2010 visant à renforcer la coopération militaire franco-britannique dans le domaine de la défense et de la sécurité, et y jouer un rôle de leader. Ce traité prévoit notamment le déploiement rapide et l’emploi conjoint de forces armées avec la création d’une force expéditionnaire commune interarmées (Combined Joint Expeditionary Force – CJEF) et l’objectif de créer un état-major de force commune déployable (Combined Joint Force Headquarter – CJFHQ). Il prévoit également des « transferts de technologies » entre les deux industries de l’armement, des programmes d’achats d’armements et des échanges d’informations. Dans les faits, le bilatéralisme de Lancaster House, qui permet de faire de l’européen militaire sans Union européenne, éclipse les projets d’Europe de la défense traditionnellement soutenus par la politique étrangère française et son allié allemand. Or, on ne le répétera jamais assez, l’Europe de la défense ne pourra pas se faire sans les Britanniques, premier budget militaire d’Europe, les seuls à pouvoir couvrir – avec la France – l’intégralité du scope des opérations extérieures sur tous les segments.
Angela Merkel, la chancelière allemande, l’a bien compris et propose d’associer le Royaume-Uni aux réflexions en cours sur l’IEI, entérinant ainsi le « basculement transatlantique » et le changement de posture américaine désormais très réservée sur son positionnement européen. Mais, d’un commun accord, France et Allemagne ont convenu que cette ouverture ne se fera que lorsque la laborieuse négociation sur le Brexit aura abouti, histoire de ne pas donner des gages avantageux aux Britanniques et fragiliser ainsi les positions européennes.
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