Les grands projets d’armement sont souvent complexes et peuvent sembler en décalage avec la demande initiale. Les processus peuvent être améliorés avec des méthodes plus agiles valorisant l’innovation en s’appuyant sur une réelle volonté de donner plus de dynamisme à la conduite des programmes.
Vers des programmes d’armement plus agiles et réceptifs à l’innovation
Conceiving Flexible Weapons Programmes that are more Responsive to Innovation
Major weapons projects are often complex and end up as something other than that which was intended at the start. Processes can be improved using more responsive methods that draw on innovation and a genuine will to give greater dynamism to the conduct of programmes.
On reproche souvent aux grands projets d’armement leur coût, leur délai et une inadéquation à suivre l’évolution rapide des menaces et des technologies. Si une difficulté à intégrer plus d’innovation aux programmes d’armement est évoquée, le manque de souplesse et de réactivité dans un monde changeant l’est encore davantage : les bénéficiaires ultimes des projets d’armement critiquent leur rigidité, le délai avec lequel des innovations pourtant répandues dans le civil atteignent les sphères militaires, et parfois leur décalage avec le besoin opérationnel du moment. Ce constat mérite d’être nuancé. En effet, la France a eu la capacité à conserver un modèle d’armée complet ainsi qu’à préserver une autonomie stratégique importante, deux atouts mis en exergue par la récente Revue stratégique de défense et de sécurité nationale de 2017.
Quoi qu’il en soit, « innovation » et « agilité » sont devenues des maîtres-mots de notre stratégie de défense et s’affichent désormais comme deux enjeux essentiels pour l’efficacité de notre appareil de défense et notre souveraineté (1). La remise en question de la gestion des projets d’armement qui pourrait en découler ne doit pourtant pas occulter que cette organisation est le fruit d’un processus d’optimisation concerté durant les dernières décennies, visant à répondre à un ensemble d’exigences et de contraintes dont beaucoup n’ont pas disparu (certaines, comme la maîtrise des coûts, semblent même se renforcer). Par ailleurs, si l’assertion fréquente selon laquelle les projets d’armement ne seraient pas innovants résiste difficilement à l’analyse, plus objectivable est la critique sur le rythme auquel ils sont capables d’intégrer l’innovation.
Il n’en demeure pas moins que des facteurs exogènes, au premier rang desquels figure l’évolution de plus en plus rapide – et incertaine – des menaces et des technologies, empêchent effectivement de considérer les atouts du système de conduite des programmes comme définitivement acquis. Pour étudier de manière robuste les forces, faiblesses, menaces et opportunités des projets d’armement dans ce nouveau contexte, il est nécessaire de bien distinguer la finalité de ces projets – la satisfaction et la supériorité capacitaire des forces armées – des moyens comme la mobilisation de l’innovation, la prise de risques, le droit à l’erreur et l’agilité. Cette analyse ne peut occulter les contraintes existantes mais doit en questionner l’intangibilité.
Il reste 86 % de l'article à lire
Plan de l'article