Le contrôle aérien militaire est à la croisée des chemins avec des défis technologiques majeurs pour moderniser les systèmes techniques, avec des défis organisationnels pour adapter les outils à l’environnement aéronautique et, enfin, avec de fortes contraintes de ressources humaines qu’il faut préserver et renforcer.
Le contrôle aérien militaire de l’Armée de l’air : état des lieux et perspectives
Military Air Traffic Control in the Air Force: Current State and Future Perspectives
Military air traffic control has to deal with a number of significant and conflicting technological challenges: of modernising its technical systems and of adapting its organisation to accept such new tools into the aeronautical environment whilst at the same time dealing with limited human resources which need to be retained and strengthened.
Le rapport d’information (1) du sénateur Capo-Canellas, récemment publié sur le contrôle aérien civil, analyse les difficultés auxquelles fait face la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). À l’aube du bouleversement à venir que représentera « le Ciel unique européen » (2), les armées (3) sont confrontées elles aussi à des problématiques sur lesquelles il me semble utile d’apporter un éclairage car les risques restent importants pour les enjeux de la défense. En effet, la modernisation en cours de nos capacités de contrôle militaires représente un défi de toute première ampleur, en particulier les interactions avec le contrôle civil avec lequel nous partageons un espace aérien commun. Aujourd’hui, nous sommes clairement à la croisée des chemins entre défis technique, organisationnel et humain, pour préparer l’avenir.
Le grand écart technologique dû à l’étalement grandissant des programmes
Le dilemme se pose en ces termes : le recours à l’étalement dans le temps des programmes – pour à la fois faire face aux aléas technologiques et lisser les investissements à consentir – entraîne des obsolescences et des ruptures de disponibilité dues à des matériels vieillissants. L’équilibre est difficile à trouver budgétairement entre investissements à réaliser pour les acquisitions, mise à niveau régulière des derniers systèmes déployés et maintien en condition des anciens systèmes. Pour les forces, le maintien de systèmes de générations ou standards différents représente une difficulté particulièrement ardue, non seulement en matière d’acquisition et d’entretien des compétences, mais aussi pour la coordination des chantiers de mise à jour pénalisant fortement l’activité.
L’exemple le plus parlant est sans doute le programme CLA 2000, lancé à la fin des années 1990, qui doit voir renouveler l’ensemble des tours de contrôle des bases aériennes, et qui n’aboutira probablement pas avant encore quelques années, qui doit voir renouveler l’ensemble des tours de contrôle des bases aériennes. Aujourd’hui 8 tours de contrôle ont été modernisées, apportant à la fois une meilleure résilience (doublement de la radio, poursuite multiradars, écrans modernes, numérisation) mais aussi des capacités opérationnelles élargies (fonctionnalités supplémentaires, postes de travail, configuration logicielle, modernisation des méthodes de contrôle). Il reste encore trois tours de contrôle à moderniser/rénover, plus une dont les travaux vont débuter en 2019 et deux dont l’avenir est suspendu à une décision portant sur des travaux préalables d’infrastructure. Cela repousse probablement leur mise à niveau à l’horizon 2025, alors que les plateformes afférentes non seulement poursuivent une activité soutenue, mais font l’objet d’une planification qui confirme leur utilisation pérenne.
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