L’espace est indispensable mais devient un champ de confrontation avec des acteurs ayant de nouvelles ambitions. Le risque de militarisation active est accru et oblige à des discussions visant à réduire son arsenalisation. L’Union européenne (UE) doit y jouer un rôle actif pour prôner la coopération au lieu de la confrontation.
Sécurité spatiale et militarisation : vers une arsenalisation de l’espace ?
Security and Militarisation of Space: Further Weaponisation of Outer Space?
Outer space is essential to us but is becoming a field of confrontation, as new players with new ambitions join the game. The risk of active militarisation has increased and discussions need to be held on how to reduce the weaponisation that comes from it. The European Union should play an active role in this in order to encourage cooperation, rather than confrontation.
Les États capables d’atteindre l’espace sont longtemps restés limités à la Russie et aux États-Unis. À la fin des années 1980, outre les deux superpuissances, l’Europe, le Japon, la Chine, l’Inde et Israël possédaient une compétence et une autonomie pour placer leurs satellites en orbite. De nouvelles puissances sont désormais capables d’accéder à l’espace (l’Iran, la Corée du Sud, la Corée du Nord) ou déclarent leur intention d’y accéder (Brésil, Pakistan, Turquie, Émirats arabes unis…) (1). Outre ces nouveaux États, des acteurs privés sont également attirés par l’espace. Les entrepreneurs conquérants du New Space, principalement américains, fortunés et audacieux, dont le but est avant tout de faire du profit, promeuvent un accès facile et à bas coût à l’espace. Pour séduire les investisseurs, ils n’hésitent pas à donner une image visionnaire de l’espace. Vols habités et extraction de richesses des corps du système solaire participent d’une vision prospective et optimiste de cette nouvelle « frontière d’en haut », qui ouvre la voie à une zone économique majeure (2).
Nouveaux acteurs, nouveaux enjeux
Les difficultés et les incertitudes ne rebutent pas ces entrepreneurs, et il est encore trop tôt pour savoir si leurs initiatives seront économiquement viables. Le retour sur investissement du tourisme spatial reste encore largement incertain. La rentabilité de l’exploitation minière de la Lune et des astéroïdes n’est pas démontrée, sans compter que les traités internationaux relatifs à l’espace n’ont pas été conçus pour servir des intérêts commerciaux. Le caractère lacunaire du droit spatial international a ainsi conduit le président américain Obama à signer en 2015 le Space Act, texte lex ferenda qui encourage ses ressortissants à l’exploitation spatiale. Seuls, les Émirats arabes unis et le Luxembourg ont adopté une législation similaire au Space Act.
Les entrepreneurs du New Space ont déjà ouvert de nouveaux marchés et sont entrés en concurrence frontale avec les grandes agences spatiales. La création d’Airbus Safran Launchers, dont la mission est de concevoir, réaliser et commercialiser Ariane 6, peut être interprétée comme une réaction face à SpaceX, dont les lanceurs sont conçus dans une logique de réutilisation.
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