La cybersécurité est un enjeu majeur pour l’Europe avec une BITC importante mais fragmentée et aux composantes très variées. Les stratégies de positionnement des acteurs institutionnels et industriels sont assez récentes et nécessitent un effort de convergence, appuyé en cela par l’UE.
Europe et cybersécurité : quelle(s) base(s) industrielle(s) ?
Europe and Cyber Security: Choosing an Industrial Base
Cyber security is a major challenge for Europe, with its large, yet wide-ranging and fragmented industrial and technological base. Recently-devised policies regarding positioning of institutional and industrial players require further convergence effort, which should have the support of the European Union.
Dans un contexte marqué par d’importantes évolutions technologiques, le paysage industriel européen de la cybersécurité connaît une structuration progressive, suite notamment à différentes vagues de consolidation. Cependant, une diversité des profils compose ce que l’on peut appeler une base industrielle et technologique de cybersécurité (BITC). La présence d’industries de défense aux côtés d’entreprises issues du monde du numérique aux business models différents complique la lecture du secteur. En matière de concurrence, les BITC européennes font face à l’hégémonie des groupes de cybersécurité américains, à la structuration d’une filière tournée vers l’innovation en Israël et à l’émergence de nouveaux acteurs (Chine notamment). Les défis européens sont alors multiples : création d’un leadership international, soutien à l’innovation, structuration d’un marché unique, etc. Fondé sur une approche comparée des bases nationales de cybersécurité en Europe et à l’étranger (États-Unis et Israël), cet article propose dans un premier temps de revenir sur les acteurs composant une BITC ainsi que sur les éléments clés de son développement. Il apporte ensuite des éclaircissements sur les capacités européennes en la matière et leurs spécificités.
Une BITC composée d’acteurs aux profils variés
L’offre de cybersécurité recouvre des solutions très diverses et la demande est caractérisée par une forte disparité, allant du citoyen-consommateur jusqu’aux ministères de la Défense. Le périmètre de la cybersécurité est en effet très large. Pour être appréhendé, il nécessite de recourir à plusieurs segmentations de marché, que ce soit selon les solutions (1) ou les clients (2).
Eu égard à ce large périmètre, plusieurs profils d’entreprises composent la BITC. Parmi les acteurs pivots, les fabricants de matériels et d’équipements informatiques et électroniques ont vu l’apparition de grands systémiers-intégrateurs (IBM, Microsoft, HP, Cisco, Dell, etc.) aux côtés des équipementiers (Qualcomm, ST Microelectronics, Schneider Electrics, Siemens, etc.). Les éditeurs de logiciels spécialisés (Symantec, CheckPoint, Kapersky, etc.) et les entreprises de services du numérique (ESN) jouent également un rôle majeur, ces dernières profitant de la proximité des clients pour déployer une large gamme de solutions de cybersécurité (Atos, Capgemini, Sopra-Steria, etc.). Si une partie des opérateurs de télécommunication et des groupes de défense ont fait le choix de se positionner sur ce marché, leur entrée a été plus tardive et elle s’est faite principalement par opérations de croissance externe.
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