Le 14 octobre 1969, le général Westmoreland prédisait ⁽¹⁾ : « Sur le champ de bataille du futur, les forces ennemies seront repérées, suivies et ciblées presque instantanément grâce à l’utilisation des liaisons de données, au renseignement assisté par ordinateur et au contrôle automatisé des tirs. […] Je suis confiant dans le fait que les Américains attendent de ce pays qu’il profite pleinement de sa technologie – pour accueillir et applaudir les développements qui remplaceront partout où ce sera possible l’homme par la machine ». Après moins de cinquante années, les faits lui donnent raison. Les technologies d’intelligence artificielle (IA) ont investi les champs de batailles, mais plus largement, l’ensemble de nos États et sociétés ont pris conscience de leurs possibilités, qui, combinées aux progrès de la robotique, des biotechnologies, de l’informatique, révolutionnent de nombreux domaines : transport, santé, industrie, commerce, défense…

La définition de l’intelligence humaine est complexe, il n’est qu’à voir le nombre d’études réalisées sur ce sujet depuis le début du XX^e siècle. Aussi celle de l’IA, qui prétend simuler celle de l’homme, peut-elle paraître absconse. La méconnaissance de la réalité de ces technologies et de leurs limites empêche souvent d’aborder objectivement les débats liés à leur développement et à leur emploi ; pourtant leurs enjeux sont nombreux : opérationnels, sociétaux, juridiques, éthiques, politiques, maîtrise technologique, souveraineté, autonomisation…

Les systèmes d’IA, déjà présents dans notre quotidien, permettent de réaliser des tâches inaccessibles à l’homme, encore faut-il en connaître les limites, les dangers et les atouts.