Mai 2019 - n° 820

L'intelligence artificielle et ses enjeux pour la Défense

« Celui qui deviendra leader en ce domaine sera le maître du monde »

Vladimir Poutine

Mai 1939, l’Europe s’apprête à basculer dans le fracas des batailles. De fait, la guerre a déjà commencé ses ravages. Le 1er avril, les combats viennent juste de s’achever en Espagne où le camp nationaliste aidé par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste l’emporte. En Asie, depuis 1937, les troupes japonaises occupent sauvagement la Mandchourie et commencent à étendre la zone d’influence de Tokyo. La Tchécoslovaquie a perdu ses frontières naturelles suite au Diktat de Munich tandis que l’Autriche a plébiscité son annexion par le IIIe Reich. Lire la suite

  p. 1-2

Discours prononcé le 5 avril 2019 lors du déplacement de la ministre des Armées à l’Institut de Convergence DATA IA à Saclay (Essonne). Lire la suite

  p. 9-17

C’est entendu, l’intelligence artificielle (IA) a investi tous les secteurs de notre société. Il ne se passe pas un jour sans qu’un nouveau développement, une nouvelle application soit annoncés. Un sujet polymorphe auquel plus personne ne peut échapper, tant il est devenu omniprésent. Bien sûr la Défense n’échappe pas à ce maelstrom et ce, d’autant plus que derrière les enjeux technologiques et opérationnels se dessinent des enjeux de puissance et de souveraineté. Lire la suite

  p. 19-20

L'intelligence artificielle et ses enjeux pour la Défense

L’IA est un enjeu majeur pour la Défense de demain. Cette prise de conscience est bien réelle et doit se traduire de façon concrète. Trois voies doivent nécessiter des efforts. Les infrastructures avec un cloud national, le traitement des données et, enfin, les ressources humaines. La France dispose d’atouts réels qu’il faut conforter. Lire les premières lignes

  p. 23-29

Des experts de l’IA au Royaume-Uni ont réfléchi aux enjeux de l’IA et proposé des axes de travail permettant à la fois de bénéficier des potentialités de l’IA et de dresser un cadre éthique indispensable. Une coopération internationale est ainsi nécessaire pour que l’IA soit utilisée à des fins judicieuses. Lire la suite

  p. 30-32

Capter l’IA de demain

L’IA n’est pas un luxe ou une lubie de startuper, c’est une nécessité incontournable qui irrigue désormais tous les secteurs. Pour la défense française, il est donc essentiel d’investir dans l’IA qui est un des moteurs de l’innovation et qui va contribuer à garantir notre supériorité opérationnelle dans l’avenir. Lire les premières lignes

  p. 33-35

Les menaces cyber sont une réalité tangible et affectent d’ores et déjà notre défense. L’IA peut et doit contribuer à réduire ce risque, à condition de faire évoluer nos principes de cyberdéfense, en améliorant les capacités cognitives. Dans ce domaine, les potentialités de l’IA sont élevées avec l’avantage d’une littérature scientifique abondante. Lire les premières lignes

  p. 38-42

Le ministère des Armées a de véritables ambitions dans le domaine de l’IA et poursuit une politique volontariste avec une gouvernance forte et une organisation visant à une acculturation de tous les acteurs et à un partage des données. Celles-ci sont au coeur du dispositif qui doit permettre la transformation numérique de notre défense. Lire les premières lignes

  p. 43-48

Si l’IA apporte des avantages sans cesse croissants, il faut cependant rester conscient de ses limites. Ce sont des outils performants, innovants et en mutation permanente, mais l’IA ne résoudra pas tous nos problèmes. C’est bien l’homme qui utilise l’IA et non l’inverse. Lire les premières lignes

  p. 49-54

Les algorithmes deviennent de plus en plus puissants et ouvrent des champs nouveaux avec des interrogations légitimes sur certaines potentialités de systèmes irrigués par l’IA. D’où le besoin d’une réflexion critique sur les usages de l’IA et les finalités de celle-ci dans la conduite d’activités militaires. Lire les premières lignes

  p. 55-58

L’IA est incontournable aujourd’hui pour les armées qui utilisent déjà de nombreuses applications. Cela ira en s’accroissant selon des voies qui restent à définir. Les approches américaines et chinoises sont notamment à observer de près car les investissements faits pour l’IA sont conséquents et déterminent l’avenir. Lire les premières lignes

  p. 59-64

Construire l'IA

L’IA est une réalité déjà ancienne mais son champ d’emploi ne cesse de s’élargir et accapare des domaines nouveaux, en particulier pour la défense. L’IA est polymorphe et se retrouve confrontée à un problème d’explicabilité. Pourquoi et comment sont les questions qui se posent pour les applications liées au contexte militaire ? Lire les premières lignes

  p. 65-73

La robotisation du champ de bataille est en passe de devenir une réalité grâce à l’IA. Doctrinalement, Russes, Chinois et Américains y réfléchissent et développent des systèmes armés semi-autonomes. Les degrés d’autonomie et d’autonomisation sont des facteurs de supériorité. Une prise en compte de ces évolutions est nécessaire. Lire les premières lignes

  p. 74-80

Les outils de planification à base d’IA sont déjà une réalité et peuvent permettre la conception, l’évaluation et la simulation de modes d’action utilisés par des forces terrestres. L’Armée de terre est engagée dans ce processus qui accélère le rythme de l’engagement et améliore le processus décisionnel qui reste l’apanage du chef. Lire les premières lignes

  p. 81-85

L’IA pose un défi aux industries de défense, d’autant plus que la Chine et les États-Unis sont en confrontation dans ce champ en croissance exponentielle. Il importe que la France reste dans la course, dans une dimension européenne. Un retard aurait des conséquences irréversibles avec, dès lors, des normes imposées. Lire les premières lignes

  p. 86-92

La DGA développe un partenariat innovant, Artemis, pour disposer d’une infrastructure souveraine adaptée aux techniques d’IA permettant de mieux gérer les données, dans un environnement sécurisé. Artemis sera un socle dynamique accélérant les processus et la mise en valeur des traitements de l’information. Lire les premières lignes

  p. 93-98

L’IA est un outil au potentiel en croissance rapide. Elle peut et doit pouvoir contribuer à la décision mais ne remplacera par le choix fait par le chef, à condition que celui-ci en maîtrise les ressorts et qu’il fasse preuve de caractère dans le processus décisionnel. Le chef devra toujours choisir de décider. Lire les premières lignes

  p. 99-102

L’IA est essentielle pour la Défense, d’où un impératif pour un groupe industriel comme Thales qui se doit d’être un acteur proactif dans ce domaine en plein développement. Cela signifie accroître la fiabilité des systèmes à base d’IA, en maîtriser la souveraineté et être capable d’aller vite pour rester dans la course. Lire les premières lignes

  p. 103-106

Mettre en œuvre l'IA

Le renseignement militaire n’échappe pas au champ de l’IA qui est un accélérateur pour le traitement des informations. L’industrialisation de l’IA est donc nécessaire mais exige une prise en compte rigoureuse et ambitieuse pour que la plus-value apportée par l’IA soit un atout pour le chef militaire. Lire les premières lignes

  p. 107-116

L’IA est structurante pour l’Armée de l’air et son avenir. En démultipliant les capacités de recueil de données et d’analyse, l’IA répond au besoin d’innovation permanente qu’implique la troisième dimension. Elle permet de gagner la bataille du temps et de la connaissance, facteurs premiers de la supériorité aérienne. Lire les premières lignes

  p. 117-122

L’IA exige un niveau de compétence très élevé. Ce défi est relevé par le ministère des Armées avec une politique volontariste autour du métier Datascience et intelligence artificielle (DIA). La DGA a engagé un programme visant à augmenter sa ressource humaine autour de ce nouveau métier appelé à jouer un rôle transverse et majeur. Lire les premières lignes

  p. 123-130

L’IA est un multiplicateur d’efficacité pour le combat en permettant d’accroître les capacités d’analyse et de traitement des données. Le combat numérique est aujourd’hui une réalité opérationnelle avec de nombreuses applications dont le renseignement augmenté, la simulation et la personnalisation des effets à obtenir. Lire les premières lignes

  p. 131-136

Les métiers administratifs vont bénéficier des apports de l’IA qui permettra de réinventer les pratiques actuelles et de transformer les modes de fonctionnement de l’action publique. Cela passe par une capacité de prospective et d’expérimentation impliquant tous les acteurs de terrain en faisant progresser les compétences. Lire les premières lignes

  p. 137-141

Si l’IA est une réalité au quotidien avec de nombreuses applications civiles, la Défense n’est pas en reste, mais les développements y sont souvent plus complexes. D’où les initiatives déjà en cours permettant de concilier innovation et intégration, avec l’impératif d’une structuration pour en accroître l’efficacité. Lire les premières lignes

  p. 142-147

La Marine est pleinement engagée dans une démarche multiforme pour irriguer son fonctionnement avec l’IA. Cependant, la finalité de celle-ci doit rester opérationnelle en préservant notamment la robustesse lors des engagements opérationnels. La maîtrise de l’IA sera demain un facteur de supériorité. Lire les premières lignes

  p. 148-153

Aspects éthiques de l'IA

Le débat sur les « armes autonomes », dont les SALA, est intense depuis une décennie au fur et à mesure des avancées de l’IA et des technologies de la robotique. Les ONG anglo-saxonnes y sont très actives et influentes. Il importe donc que la France soit présente dans ce champ de réflexion pour conserver son autonomie. Lire les premières lignes

  p. 154-161

Les systèmes d’armes autonomes imposent une réflexion en évitant un amalgame entre l’humain et des algorithmes performants mais artificiels. Cela signifie une prise en compte des questions de responsabilité et d’emploi en respectant le droit international humanitaire tout en maintenant la place de l’homme. Lire les premières lignes

  p. 162-167

L’IA sera un véritable atout opérationnel car elle permettra au décideur militaire de mieux évaluer la situation et ainsi de donner les ordres adéquats. Cela exige également une réflexion éthique sur les modalités propres à l’IA, en adéquation avec les règles du droit des conflits armés. Lire les premières lignes

  p. 168-172

Les progrès technologiques peuvent permettre le développement de robots armés utilisant les ressources de l’IA pour un processus décisionnel dans l’emploi opérationnel. Il y a donc des impératifs, notamment en termes de droit international humanitaire pour que des règles précises soient mises en oeuvre, dont la place de l’homme dans l’ouverture du feu. Lire les premières lignes

  p. 173-178

Repères - Opinions

La remise en cause du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) ne concerne pas que l’Europe. Sa dimension asiatique est devenue primordiale avec le développement des capacités balistiques de la Chine qui remettent en cause les équilibres régionaux. Dès lors, il importe de limiter une course aux armements dans cette région. Lire les premières lignes

  p. 181-186

La protection de l’environnement – notamment avec le réchauffement climatique – est devenue une question concernant la Défense. Entre l’implantation territoriale avec le respect des normes environnementales et les opérations, les armées sont confrontées à ces nouvelles menaces et peuvent contribuer à y apporter une réponse. Lire les premières lignes

  p. 187-192

Le 28 février 1949, le premier prototype de l’Ouragan construit par la société Dassault effectuait son premier vol, maquant une étape décisive pour la reconstruction de l’industrie aéronautique nationale. Cet appareil à réaction a permis de développer les technologies françaises et d’ouvrir la voie à une famille d’avions de combat exceptionnels dont le Rafale aujourd’hui. Lire les premières lignes

  p. 193-196

Chroniques

S’il est un sujet qu’il convient de traiter avec précaution, retenue et discernement, sans fantasmer, c’est bien l’engagement politique des généraux et leur attitude, en cas de changement de régime, et cela, depuis l’Empire. Pour deux raisons fondamentales : d’abord, parce que, par définition, l’armée est apolitique et ensuite par le simple fait que les généraux ont été et sont toujours légalistes. Il ne faut pas perdre également de vue que, en parallèle de ce sentiment profond de légalisme, les généraux français se sont toujours sentis responsables de l’unité de l’armée (1), ce qui les empêche de franchir le Rubicon. Lire la suite

  p. 197-199

Recensions

Eric Clémens : Penser la guerre ?  ; Éditions du CEP, 2017 ; 154 pages - Jean-Daniel Fischer

Avec ce livre, Eric Clémens a pour objectif de déterminer comment le phénomène « guerre » est apparu. Parce que s’il est apparu, c’est-à-dire dans certaines conditions de développement humain, il peut selon l’auteur disparaître si l’expérience humaine revient aux conditions d’avant son apparition. Lire la suite

  p. 200-201

Jean Lopez (dir.), Nicolas Aubin, Vincent Bernard et Nicolas Guillerat : Infographie de la Seconde Guerre mondiale  ; Perrin, 2018 ; 200 pages - Laurent Henninger

Voici probablement l’ouvrage le plus original de ces dernières années, ne serait-ce que dans sa forme et surtout dans sa nature. Il est l’œuvre d’une équipe dirigée par Jean Lopez, rédacteur en chef du bimestriel Guerres & Histoire et auteur de plusieurs ouvrages remarqués sur la guerre germano-soviétique, auquel s’adjoignent deux autres historiens et un infographiste de génie : Nicolas Guillerat. Disons même sans ambages que l’ouvrage est bien plus qu’original : il est pour l’heure encore unique, car bel et bien le premier de ce type. Souhaitons d’ores et déjà qu’il donne naissance à un véritable « genre » qui aurait toute sa place dans le marché de l’édition, au même titre que les atlas ou les encyclopédies. Lire la suite

  p. 201-203

Nicolas Normand : Le grand livre de l’Afrique  ; Éditions Eyrolles, 2018 ; 240 pages - Marie-Dominique Charlier-Barou

« J’en ai lu des livres sur l’Afrique, depuis le temps que je l’aime, et que je m’acharne à la comprendre. Peu d’entre eux m’ont autant éclairé. » L’élogieuse préface rédigée par l’académicien Erik Orsenna, rend bien compte de l’ambition très pédagogique et érudite de l’ouvrage de Nicolas Normand. Il faut dire que l’auteur est un ancien diplomate qui nous fait partager avec générosité sa connaissance de l’Afrique et son expérience comme Ambassadeur de France en Afrique du Sud, au Mali, au Congo, au Sénégal et en Gambie… Lire la suite

  p. 204-204

Revue Défense Nationale - Mai 2019 - n° 820

L'intelligence artificielle et ses enjeux pour la Défense

Artificial Intelligence and its Challenges for Defence

Artificial intelligence (AI) is a major challenge for defence in the future, about which something positive needs to be done. There are three elements that require effort: infrastructure and the creation of a national cloud, data handling, and human resources. France has great advantages, yet they require a boost.

AI experts in the United Kingdom have considered the challenges AI poses and proposed work to be done to benefit from the its advantages and to establish the essential ethical framework for its use. International cooperation is needed if AI is to be used wisely. Read more

Harnessing AI for the Future

AI is neither a luxury nor some hare-brained start-up idea: it is an unavoidable necessity that is now feeding into all sectors. For French defence, we need to invest in AI, which is one of the drivers of innovation and which will contribute to ensuring our future air superiority.

The cyber threat is real and is affecting our defence. AI can and must contribute to reducing this risk on the condition that our principles of cyber defence be developed by improving our cognitive capabilities. In this field AI has great potential and the advantage of an abundance of scientific literature.

The Ministry for the armed forces has great ambitions for AI and is pursuing a strong policy, with an organisation to support it, of bringing the culture to all concerned and of data sharing. Data is at the heart of a structure that will lead to the digital transformation of our defence.

Although AI brings ever-greater advantages, we must nevertheless not lose sight of its limitations. It is an effective and innovative tool that is in permanent evolution, but AI will not solve all our problems. AI is very much the servant of man, not the other way round.

Algorithms are becoming ever more powerful and are opening up new fields of use, in turn prompting legitimate questions regarding the potential of certain systems nourished by AI. Hence the need for critical review of the uses of AI, and how it might affect the conduct of military activity.

AI is today imperative for the armed forces, which already use a number of its applications. Such use will continue to grow albeit along routes yet to be defined. The US and Chinese approaches need to be watched closely, since their considerable investment in AI will determine the future.

Building AI

AI is in itself old news but its fields of application never cease to expand and capture new ones, particularly in the defence domain. AI takes on many forms and faces a problem of how it should be described. Why? and how? are the questions to be asked about those applications with a military connection.

Robotisation of the battlefield is gradually becoming a reality, through the use of AI. Doctrinally, the Russians, Chinese and Americans are looking closely at it and developing semi-autonomous weapon systems. The degrees of autonomy and of automation are factors for superiority. These developments need to be taken note of.

AI-based planning tools already exist and allow the design, evaluation and simulation of modes of action used by ground forces. The Army is committed to this process, which accelerates the tempo of an engagement and improves the decision-making process, which remains the prerogative of the commander.

AI poses a challenge to defence industry, particularly since China and the United States are confronting each other in this exponentially-growing field of technology. France must remain in the race, and on a European scale, too. Any tardiness will have irreversible consequences and see rules imposed upon us.

The DGA is developing an innovative partnership, Artemis, in order to create independent national infrastructure adapted to AI techniques that allow better management of data in a secure environment. Artemis will be a dynamic basis for accelerating processes and adding value to information handling.

AI is a tool with rapidly-growing potential. It can and must be able to contribute to decision-making, but will not replace the decisions of the commander, as long as he is in control of the consequences and imposes himself in the decision-making process. The chief must always be the one who decides.

AI is essential for defence, hence imperative also for an industrial group like Thales, which seeks to be a proactive player in this rapidly developing field. This implies improvement is required in the reliability of AI-based systems, and in their control and independence, as well as being able to advance quickly to stay in the race.

Putting AI to Work

Military intelligence cannot escape the clutches of AI, with its advantage of speeding up information handling. Industrialisation of AI is necessary but requires rigorous and ambitious action if its added value is to be an advantage to the military commander.

AI concerns the future structure of the Air Force. By increasing capabilities for acquisition and analysis of data AI answers the need for the permanent innovation involving the third dimension. It helps win the battle for time and knowledge—prime factors for air superiority.

AI demands a very high level of competence. This challenge has been taken up by the Ministry of the armed forces through its policy on data-science and artificial intelligence. The procurement body, the DGA, is committed to a programme aimed at increasing personnel in this new field of work that will play a major role across all specialisations.

AI increases combat effectiveness by improving analysis and data handling capacities. Digital combat is with us, and has numerous applications that include improved intelligence, simulation and ‘personalisation’ of effects sought.

Administrative professions should benefit from what AI brings them by reinventing current practices and transforming the way the state bureaucracy functions. That requires an ability to look ahead and to experiment that must involve all who work in the sector if advances are to be made.

AI affects daily life with its numerous civil applications. Defence is affected, too, but developments there are often far more complex. Initiatives are underway to conciliate innovation and integration, based on the essential requirement that the structure created improves efficiency and effectiveness.

The French Navy, La Marine, is completely committed to a multi-disciplinary approach to introduce AI. The end state must nevertheless be related to operations and must preserve strength in operational commitments. Mastery of AI will in the future be a factor in superiority.

Ethical Aspects of AI

There has been intense debate for a decade about autonomous weapons, including autonomous lethal weapon systems, as AI and robot technologies have developed. NGOs in the English-speaking world have been very active and influential in that debate and it is important that France take part in the thought processes in order to preserve its independence.

Autonomous weapon systems demand careful reflection to avoid confusing the human with high-performance, but artificial algorithms. This means taking into account issues of responsibility and use, and respect for international humanitarian law whilst retaining the position of the human in the process.

AI will be a significant operational advantage, since it will mean the decision-maker will be better placed to evaluate a situation and give appropriate orders. That requires ethical thought on the ways AI works and adherence to the law of armed conflict.

Technological progress can lead to the development of armed robots that depend on AI for their decision-making process in operational use. It is therefore imperative to have precise rules put into effect, which include the position of the human in the decision to open fire, and which respect international humanitarian law.

Opinions and Viewpoints

Doubt over the future of the INF Treaty does not only concern Europe. Its Asian dimension has become of critical importance given China’s development of ballistic capabilities, which in turn are upsetting regional balances. It is now important to limit an arms race in the region.

Protection of the environment, particularly in the light of climate change, has become an issue that concerns defence. From their position in home territory, with its environmental standards, through to operations, the forces are now confronted with these new threats and can contribute to responding to them.

On 28 February 1949, the first prototype of the Ouragan built by Dassault made its first flight, marking a major step in the reconstruction of the national aeronautical industry. This jet aircraft was integral to the development of French technology and opened the way to a family of exceptional combat aircraft, including today’s Rafale.

Chronicles

Book reviews

Eric Clémens : Penser la guerre ?  ; Éditions du CEP, 2017 ; 154 pages - Jean-Daniel Fischer

Jean Lopez (dir.), Nicolas Aubin, Vincent Bernard et Nicolas Guillerat : Infographie de la Seconde Guerre mondiale  ; Perrin, 2018 ; 200 pages - Laurent Henninger

Nicolas Normand : Le grand livre de l’Afrique  ; Éditions Eyrolles, 2018 ; 240 pages - Marie-Dominique Charlier-Barou

Revue Défense Nationale - Mai 2019 - n° 820

L'intelligence artificielle et ses enjeux pour la Défense

Mai 1939, l’Europe s’apprête à basculer dans le fracas des batailles. De fait, la guerre a déjà commencé ses ravages. Le 1er avril, les combats viennent juste de s’achever en Espagne où le camp nationaliste aidé par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste l’emporte. En Asie, depuis 1937, les troupes japonaises occupent sauvagement la Mandchourie et commencent à étendre la zone d’influence de Tokyo. La Tchécoslovaquie a perdu ses frontières naturelles suite au Diktat de Munich tandis que l’Autriche a plébiscité son annexion par le IIIe Reich.

La France, trop sûre de sa puissance militaire mais encore blessée par le sacrifice de sa population masculine lors de la Première Guerre mondiale, s’efforce alors de se réarmer face au danger allemand mais aussi de réfléchir aux besoins de sa défense. Depuis 1936, le vice-amiral Raoul Castex est le premier directeur du Collège des hautes études de défense nationale, destiné à resserrer les liens – à l’époque quasi inexistants – entre les civils chargés de responsabilités gouvernementales et administratives et les militaires en charge du commandement des grandes unités. Au volet formation se rajoute, à partir de mai 1939, la publication de la Revue des questions de défense nationale destinée à « attirer l’attention sur les grands problèmes qui, à des titres divers, intéressent la défense nationale ». L’objectif recherché est alors de « penser la défense dans sa globalité ». En juin 1940, elle interrompt sa publication. Il est hélas trop tard.

Dès juillet 1945, un rédacteur en chef est désigné, permettant à la Revue de reparaître, la guerre n’étant pas encore terminée. Pour le général Alphonse Juin, président du Comité consultatif de la RDN, la mission de la Revue était de « réunir des idées qui puissent servir aux constructions de l’avenir ».

Depuis, la RDN n’a cessé de progresser et fête ainsi son 80e anniversaire avec ce numéro 820. Fidèle à son ADN, la Revue a su évoluer, s’adapter et répondre aux enjeux stratégiques. Ainsi, se plonger dans nos « archives », c’est plonger dans notre histoire avec ses pages douloureuses mais aussi les grandes réussites, en particulier avec l’avènement de la Ve République et la mise en place de notre dissuasion nucléaire sous l’impulsion du général de Gaulle, qui font que la France d’aujourd’hui reste une puissance militaire crédible et respectée.

Et contrairement à l’image d’Épinal de la « Grande Muette », la RDN a démontré, et démontre toujours, que le débat stratégique est une réalité. Toutes les grandes questions y ont été abordées. Ainsi, en octobre 1945, Castex publiait le premier article français sur le nucléaire militaire. Penser la guerre – qu’elle soit de décolonisation, froide, non conventionnelle, hybride – reste la trame de la Revue. Analyser nos alliances avec l’Otan et la construction européenne est prégnant depuis le début. Réfléchir sur l’environnement international irrigue les 820 numéros publiés. Ouvrir les perspectives et préparer l’avenir construisent les étapes que la RDN a franchies. Et ce n’est donc pas un hasard si ce numéro anniversaire porte sur l’intelligence artificielle, qui ouvre de nouvelles voies pour notre Défense, alors que le contexte international est redevenu un champ de confrontation et de rivalités et où le rapport de force est à nouveau la norme.

Mais au-delà du mensuel, la RDN est devenue un véritable écosystème autour du débat stratégique, avec l’arrivée de l’outil informatique en 1990 et du premier Macintosh puis, une décennie après, avec Internet et enfin les réseaux sociaux qui permettent d’élargir à la fois notre lectorat et notre production écrite. En effet, c’est aujourd’hui la mise en ligne de près de 23 000 articles, avec environ 5 500 auteurs français mais aussi étrangers. Des auteurs, non pas de 7 à 77 ans, mais allant de l’étudiant en Master II, à la ministre des Armées en passant par le président de la République, permettant ainsi de croiser les approches et les regards. Ce sont également les tribunes en ligne pour réagir rapidement à l’actualité stratégique, les brèves ou encore les florilèges, à partir de nos anciens numéros. Autant de contributions de nature diverse démontrant la vitalité de la réflexion stratégique autour du pôle que constitue l’École militaire. Les relations établies avec l’IRSEM, le CHEM, l’IHEDN et les autres organismes comme le CDEC, le CERPA, le CESM et le CICDE, sans oublier la Chaire des grands enjeux stratégiques de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ou encore les think tanks, constituent autant d’atouts pour la RDN et témoignent de cette confiance mutuelle construite depuis des années et qui contribuent de fait à renforcer la crédibilité de notre Défense.

Cette mission restera le quotidien de tous les acteurs de la RDN avec le souci de progresser sans répit, de répondre aux défis de demain. Le numérique et l’ouverture du débat avec nos lecteurs seront les axes des développements à venir pour que la RDN soit toujours la référence indispensable pour tous ceux qui réfléchissent aux grands enjeux stratégiques et s’investissent afin que la France soit toujours un acteur majeur sur la scène internationale en s’appuyant sur une défense forte. ♦

Jérôme Pellistrandi, Thierry Caspar-Fille-Lambie

Revue Défense Nationale - Mai 2019 - n° 820

L'intelligence artificielle et ses enjeux pour la Défense

La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.

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