Editorial
Éditorial
1989-2019 : trente ans déjà que le mur de Berlin s’est effondré, marquant une rupture majeure dans l’organisation géopolitique du monde entraînant la fin de la bipolarité imposée à Yalta. Déjà une génération et demie a passé le relais. Avec le fait que cette révolution – sans victimes – appartient désormais à l’Histoire. Et cette marche en avant inéluctable du temps se traduit désormais par le fait qu’à peine 5 % des cadres de nos armées ont connu la guerre froide. Cependant, ceux-ci ont conduit la transformation indispensable de nos forces pour les adapter à un nouveau contexte géostratégique en pleine mutation et qui, aujourd’hui, est devenu instable et dangereux avec le retour des États-puissance et le rapport de force comme mode de régulation des relations internationales.
L’une des conséquences de 1989 fut, à peine quelques années après, la décision prise par le président Jacques Chirac de professionnaliser l’outil de défense et donc de suspendre le service national, un des piliers historiques de la Nation française. En changeant de modèle, il fallut tout revoir et en particulier l’exigence de la convergence entre formation et emploi opérationnel. Plus que jamais, aujourd’hui et demain, la formation – dans toutes ses dimensions individuelles et collectives – doit s’inscrire dans la perspective de l’emploi en opérations, que ce soit sur le territoire national comme le démontre l’opération Sentinelle ou les postures permanentes de sûreté, mais aussi dans les opérations extérieures qui n’ont cessé de se durcir face à un ennemi sans foi ni loi.
C’est le défi actuel de préparer ainsi nos forces avec les hommes et les femmes qui y servent, pour relever les questions posées par les nouvelles conflictualités dans de nouveaux champs d’action comme le cyber, les océans ou l’espace exo-atmosphérique, sans oublier les manipulations de l’information, avec des paradoxes parfois contraignants souvent liés à la dimension budgétaire. De nouveaux outils, dont la simulation, permettront de former plus efficacement nos équipages et nos unités, en utilisant les moyens actuels comme les Boeing KC-135 des FAS qui viennent de fêter leurs 55 ans mais aussi les équipements actuels, comme le montrent le début de la mise en œuvre de l’A-330 Phénix, la mise à l’eau du SNA Suffren ou les premiers Griffon, traduisant la montée en puissance du programme Scorpion, véritable fédérateur pour les forces terrestres.
De fait, il faut dès à présent réfléchir à notre futur modèle d’armée pour la période 2030-2040 et donc préparer, outre les projets comme le Scaf ou le futur porte-avions, les chefs de demain, tout en assurant les missions d’aujourd’hui. C’est le défi du quotidien, la tête dans le guidon tout en regardant les futures étapes, pour ne pas se tromper ni de guerre, ni d’adversaires. La situation plus que fluctuante au Moyen-Orient est là pour nous obliger à prendre conscience que le temps du « soft power » est désormais passé et que les illusions des « dividendes de la paix » doivent être aujourd’hui remisées au placard de l’Histoire. ♦