Novembre 1989-2019 : 30 ans depuis la chute du Mur et le bouleversement géopolitique allemand qui changea la carte de l’Europe ! La RFA d’H. Kohl sut saisir les opportunités, forte de sa puissance économique face à un système, comprenant la RDA, à bout de souffle, sans oublier le pragmatisme de M. Gorbatchev.
Qui a gagné en 1989 ? Mais la RFA, bien sûr !
Who Won in 1989? Why, the Federal Republic of Germany of Course!
November 1989-2019: 30 years since the fall of the wall and the dramatic changes in Germany that transformed the map of Europe. Helmut Kohl’s Federal Republic rose to the occasion and used its economic strength to seize opportunities in the face of a system in which the DDR had run out of steam. Mikhail Gorbachev’s pragmatism helped in no small measure.
Brusquement, en quelques mois, entre l’été 1989 et l’automne 1990, la guerre froide a pris fin ; et de façon pacifique. Il y a eu à cela, à mon avis, deux causes : d’une part la politique occidentale, en fait américaine et allemande, qui a manœuvré très habilement au cours de cette phase finale et avec une claire vision des objectifs à atteindre dans ce qui a été aussi un affrontement Est-Ouest larvé (derrière les amabilités rassurantes échangées de part et d’autre). De l’autre la politique de Gorbatchev. En effet, les événements de 1989-1990 en Europe orientale et centrale témoignent à la fois de l’ambiguïté et de la réalité de la nouvelle orientation réformiste adoptée à Moscou depuis l’été 1988. Le processus de libéralisation a été au départ contrôlé et même voulu par Moscou, comprenant que l’ancien type de relations avec les démocraties populaires (et leur système intérieur) conduirait à une impasse politique et économique. Le voyage de Gorbatchev à Berlin-Est en octobre 1989, en laissant choir publiquement Honecker, est tout à fait éclairant. En même temps, cette politique n’était pas exempte d’arrière-pensées : à l’été 1989, Moscou ne pensait pas du tout abandonner son influence sur l’Europe orientale ni sur la RDA, mais simplement en modérer les conditions d’exercice afin de la rendre supportable aux populations locales et à l’Occident.
Le rôle sous-estimé de la RFA
En 1987 les relations entre la RFA, d’un côté la RDA et l’URSS de l’autre, glaciales depuis l’arrivée du chancelier Kohl au pouvoir en 1982, s’améliorèrent. Le secrétaire général est-allemand Honecker se rendit en Allemagne fédérale en septembre ; la visite se passa bien et fut accompagnée de gestes importants (multiplication par 100 des autorisations de séjour d’Allemands de l’Est en RFA, annulation de l’ordre honni de tirer sur ceux qui tentaient de franchir la frontière entre les deux Allemagne vers l’Ouest).
De même avec l’URSS : la visite du président fédéral Weizsäcker à Moscou et encore plus celle de Franz Josef Strauss, ministre-président de Bavière, se déroulèrent bien. Gorbatchev déclara à Strauss que « quand l’Allemagne et la Russie avaient collaboré, l’ordre avait régné en Europe » (certes…). Les dirigeants soviétiques en conclurent que le moment était venu de jouer Bonn contre Washington et, avec l’aide de la RFA, d’établir un nouvel équilibre en Europe. Quant à Helmut Kohl, l’entretien Strauss-Gorbatchev le convainquit que l’on pouvait désormais parler avec Moscou, et il ne manqua pas de le déclarer au ministre soviétique des Affaires étrangères, Chevardnadze, début 1988.
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