L’Éthiopie a su conduire ces dernières années une profonde transformation économique, mais le pays reste une fédération fragile dont les acquis récents pourraient être remis en cause. Les prochaines élections seront donc un test majeur qui pourrait avoir des répercussions dans tout l’Est africain, en quête de stabilité.
Éthiopie : un scrutin à haut risque
Ethiopia: a High-Risk Election
In recent years Ethiopia has succeeded in carrying out fundamental economic reform, and yet the country remains a fragile federation whose recent advances risk renewed challenge. The forthcoming elections will be a major test that could have repercussions on the quest for stability across the whole of East Africa.
Le prochain scrutin législatif prévu au second semestre 2020 sera crucial pour l’avenir de l’Éthiopie. Après les longues années de la dictature d’Haile Mengistu (1) et les sanglantes guerres menées en Ogaden contre la Somalie et en Érythrée, l’Éthiopie a connu sous l’impulsion du Premier ministre, Meles Zenawi (1995-2012), une profonde transformation économique, puisque depuis quinze ans, le taux de croissance s’est toujours maintenu au-dessus de 7 % par an, permettant de multiplier le PIB par habitant par quatre. Le pays, avec plus de 115 millions d’habitants, apparaît comme l’un des marchés prometteurs en Afrique subsaharienne, et le slogan de la compagnie aérienne nationale, Ethiopian Airlines résume cet optimisme : « Le nouvel esprit de l’Afrique. »
L’attribution du prix Nobel de la paix à l’automne 2019 à Abiy Ahmed, le chef du gouvernement éthiopien depuis avril 2018, marque une certaine reconnaissance des efforts menés par ce pays, qui au milieu des années 1980, frappé par de tragiques famines, symbolisait la souffrance du continent africain. Mais l’Éthiopie qui s’est attiré les satisfecits de la communauté internationale reste une fédération fragile, et les prochaines échéances électorales peuvent exacerber les tendances centrifuges et mener à de violents affrontements qui auraient des répercussions dramatiques pour toute l’Afrique.
Les enjeux du scrutin
L’élection des 547 députés à la Chambre des représentants du peuple, initialement prévue à l’été 2020, a été reportée sine die, à cause de l’épidémie de la Covid-19, mais elle devrait se tenir à la fin de l’année. Il s’agira du 6e scrutin législatif depuis l’adoption de la nouvelle Constitution en 1994, mais celui dont le résultat est le plus incertain.
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