La force conjointe franco-britannique (CJEF) est désormais opérationnelle après plusieurs phases de montée en puissance. L’interopérabilité y est un élément central et englobe de nombreux aspects. Cet outil ne doit cependant pas rester figé et doit poursuivre sa maturation, notamment dans le champ logistique et des chaînes de commandement.
La Force expéditionnaire conjointe franco-britannique (CJEF) : force opérationnelle et vecteur d’ambitions communes
The Combined Joint Expeditionary Force (CJEF): Operational Force and Vector for Franco-British Common Ambitions
The Franco-British Combined Joint Expeditionary Force (CJEF) is now operational after several phases of construction. Interoperability is central to its function and covers a great number of aspects. This tool must nevertheless not be left to fossilise and must continue to mature, particularly in the fields of logistics and command chains.
Volet opérationnel des Accords de Lancaster House signés le 2 novembre 2010, qui matérialisent la volonté politique du Royaume-Uni et de la France de renforcer leur coopération dans le domaine de la défense, la CJEF (Combined Joint Expeditionary Force) permet de disposer d’une capacité commune qui peut être engagée dans des opérations bilatérales ou dans le cadre d’une coalition internationale. La dynamique maintenue pendant dix ans a permis de développer sur le long terme une compréhension mutuelle et des valeurs partagées, tout en améliorant le niveau d’interopérabilité des forces opérationnelles du Royaume-Uni et de la France, appelées à intervenir ensemble dans le cadre d’intérêts convergents.
La traduction militaire d’une ambition politique forte
La coopération entre les forces armées françaises et britanniques n’est pas récente. Toutefois, elle a connu depuis 2010 une accélération notable dont les traités de Lancaster House constituent le socle. Le Royaume-Uni et la France sont les deux plus grandes puissances européennes en matière de défense. Dotées de forces de dissuasion nucléaire indépendantes et d’un éventail complet de forces armées, elles sont en mesure de se déployer et d’opérer, seules ou avec leurs alliés et partenaires, dans le monde entier sur terre, à la mer, dans les airs et, de plus en plus, dans le cyberespace. Des niveaux sans précédent d’intégration entre les forces armées ont été mis en place et des mesures permettant d’accroître encore les capacités communes en matière d’interopérabilité ont été progressivement décidées, au service de nos intérêts communs. Il n’existe pas de situation dans lesquelles les intérêts vitaux de l’un des deux pays puissent être menacés sans que les intérêts vitaux de l’autre ne le soient également.
Cette ambition politique forte a donné lieu à des travaux considérables, tant pour les états-majors centraux que pour les états-majors d’armée, directions et services. La première version du Concept d’emploi des forces de la CJEF (CONEMP) a été publiée en 2013. Ce document, actualisé une première fois en 2017 et finalisé en 2020, détaille le contexte, les missions ainsi que l’architecture de commandement et de contrôle de la CJEF. Il a été décliné en concepts d’armée, spécifiant les caractéristiques des composantes terrestres, maritimes, aériennes et logistiques, et celles concernant les systèmes d’information et de communications. Une série d’exercices par composante a eu lieu lors des premières années et a permis de renforcer les liens opératifs et tactiques entre les armées françaises et britanniques : Corsican Lion pour la composante maritime, Capable Eagle pour la composante aérienne et Rochambeau pour la composante terrestre ont constitué des rendez -vous remarqués et dimensionnant pour la connaissance mutuelle des forces ; des exercices de ce type se poursuivent encore dans le même esprit.
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