La construction de la composante terrestre du CJEF prévue par le traité de Lancaster House s’est appuyée sur une interopérabilité technique et procédurale, mais surtout humaine pour en garantir le succès opérationnel dans la durée. L’enjeu désormais est d’entretenir cette culture commune et l’enrichir pour répondre aux exigences de demain.
CJEF : construction de la composante terrestre d’un corps expéditionnaire franco-britannique opérationnel
CJEF: Construction of the Land Component of a Franco-British Expeditionary Force
The construction of the land component of the CJEF that stemmed from the Lancaster House Treaties has been founded on technical and procedural, and especially human interoperability to guarantee its long-term operational success. The challenge now is to maintain this common culture and enrich it in order to be able to respond to the demands of the future.
La coopération entre les armées des deux « nations combattantes » (1) du vieux continent se traduit plus particulièrement par des engagements récents ou actuels : il en va ainsi de la conduite des frappes aériennes en Syrie, du déploiement d’hélicoptères CH-47 britanniques au Mali ou de la contribution française au groupement tactique britannique déployé dans le cadre de l’Enhanced Forward Presence (eFP) en Estonie. Cependant, et depuis les années 1950, aucun partenariat n’a été aussi poussé entre nos deux pays que la Combined Joint Expeditionary Force (CJEF). Née du traité de Lancaster House signé en 2010, cette force binationale devient le projet militaire phare de cette nouvelle relation dont elle constitue le bras armé. Ces nouveaux liens se nouent selon des approches similaires en termes de volonté d’emploi de l’outil militaire et s’inscrivent dans un paysage caractérisé par des capacités militaires intrinsèques et des contraintes financières comparables. Issue d’un contexte interarmées, l’ambition d’une capacité d’intervention et d’entrée en premier repose sur la montée en puissance d’une composante terrestre. Cette dernière s’appuie sur des structures divisionnaires existantes dans les deux armées et sur un système de forces d’alerte. Il ne s’agit donc pas de la mise sur pied d’une nouvelle force expéditionnaire à proprement parler, mais bien de développer la capacité à se déployer ensemble.
En 2016, en conclusion de l’exercice Griffin Strike conduit pour valider le concept de la CJEF, le général Sanders, commandant la composante « Terre » armée par la 3e division britannique, renforcée par la 1re division française, soulignait l’importance de l’interopérabilité profonde et permanente entre nos armées de terre respectives afin d’atténuer les risques inhérents à toute force multinationale ad hoc. En effet, l’établissement d’une composante terrestre capable de « plug and play » sur une large gamme de missions – de l’évacuation de ressortissants à la haute intensité – selon la décision des pouvoirs politiques, exige une interopérabilité de premier ordre pour assurer la cohésion d’ensemble.
À cet égard, le phasage théorique d’une opération militaire moderne, largement partagé et documenté (illustration ci-dessous), permet de concevoir qu’une « phase initiale permanente et continue » (Phase 0) (2) constitue le meilleur moyen d’améliorer la connaissance mutuelle, de faciliter les échanges et de résoudre les problèmes d’interopérabilité pour permettre, le moment venu, la montée en puissance et l’engagement d’une CJEF pleinement opérationnelle.
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