Au mois d'octobre 1980, à l'Université de Chicago, l'Inter-University Seminar on Armed Forces and Society (IUS) association regroupant près de mille membres tant universitaires que fonctionnaires civils et militaires, célébrait son 20e anniversaire. Au cours de la conférence qui s'est tenue à cette occasion, une cinquantaine de communications ont été prononcées devant plus de 200 participants venus du monde entier. Cet événement, surtout par les dimensions qu'il a revêtues, illustre l'importance acquise par la recherche relative à la res militaris.
Les États-Unis ont joué, on le sait, un rôle déterminant dans le développement et la légitimation de l'intérêt sociologique, notamment à l'égard du « fait militaire ». Cet apport, de même que l'éminence de certains de ces initiateurs, sont relativement mal connus en France et méritent donc que l'on s'y arrête. Les réflexions qui suivent abordent deux aspects de la sociologie militaire. Dans un premier temps, l'auteur explique pourquoi cette discipline est restée à l'état embryonnaire jusqu'au début des années soixante. Dans un second article, il examinera plus particulièrement l'œuvre de celui qui est l'un des fondateurs de la discipline, Morris Janowitz qu'il connaît bien et avec qui il reste étroitement associé.