Les destroyers du type DDG-1000 Zumwalt devaient transformer l’art de la guerre navale. La complexité du programme a entraîné une forte hausse des coûts, limitant à trois cette classe en rupture avec l’architecture navale classique. Toutefois, les technologies développées vont servir à de nouvelles séries en développement.
DDG-1000 Zumwalt, nouveau « Dreadnought » ?
USS Zumwalt, DDG-1000—a New Dreadnought?
The DDG-1000 Zumwalt class destroyers are said to transform the art of naval warfare. The design makes a break with conventional naval architecture and the complexity of the programme carries with it a considerable increase in costs, which has led to this class of vessel being limited to three ships. However the technologies developed will be used in future classes under development.
Ce devait être le premier destroyer de supériorité littorale adapté aux combats du XXIe siècle, Arsenal Ship (1) rapide, furtif, létal, hautement survivable et automatisé, fort d’une bonne douzaine de technologies « de rupture » constamment évolutives. En 1997, il était planifié pas moins de 32 DD-21 (renommés DD(X) puis DDG-1000), pour constituer aux côtés du futur croiseur multimissions CG(X) l’épine dorsale de la composante combattante de surface de l’US Navy, et renouveler ainsi la flotte historique des destroyers Arleigh Burke et croiseurs Ticonderoga. Soutenu par une cinquantaine de corvettes LCS (2) spécialisées, agiles, véloces et agissant en meutes, ce combattant d’exception fournirait une présence maritime avancée, opérant de façon indépendante, ou au sein d’un groupe interarmées de forces expéditionnaires. Alliant une capacité de domination navale majeure dans tous les domaines de lutte (au-dessus de la surface, sous la mer, en guerre des mines) à un niveau de résilience rarement atteint pour une grosse unité navigant au plus près des côtes, il se voyait assigner pour mission de « détruire les cibles ennemies à terre, par une frappe de précision, massive et de longue portée », un appui-feu terrestre transhorizon aux forces de débarquement américaines, sur des théâtres d’intervention orientaux de type « Guerre du Golfe ».
Las… Alors que le DDG-1000 Zumwalt tête de série vient d’être accepté par la marine américaine en avril 2020, avec six ans de retard sur le calendrier initial, les comptes sont faits : il n’y aura finalement que 3 unités construites… pour un grand total de 22 Md$ (dont 10 milliards de R&D). Un navire impayable, selon l’auditeur fédéral (GAO) (3) qui a produit une bonne douzaine de rapports sur les dérives d’un programme décidément trop ambitieux. En attendant 2022 et la fin des évaluations du DOT&E (4), en charge des essais de qualification opérationnelle, l’USS Zumwalt a été temporairement affecté au SURFDEVRON (Surface Development Squadron 1) de San Diego, nouvel escadron de la NavPAC (Naval Surface Force Pacific) en charge de tester des technologies de TRL-4-5 (Technology Readiness Level) via des expérimentations multidomaines. Assisté des grands drones de surface en cours de conception MUSV (Medium Unmanned Surface Vehicle) puis LUSV (Large Unmanned Surface Vessel), il participera à l’élaboration des tactiques, techniques et procédures nécessaires à l’emploi d’une classe de 3 destroyers désormais dédiés à la frappe offensive antisurface.
Et pourtant… Le plus grand bâtiment de combat de l’US Navy (hors porte-avions) apporte, avec ses 14 500 t, plusieurs innovations de premier ordre nées d’un effort de R&D sans précédent et dont l’ensemble de la flotte de surface américaine devrait à terme profiter. En cela, il pourrait sans doute être rapproché de son « homologue » SSN-21 Seawolf, dernier sous-marin d’attaque de la guerre froide, lui aussi limité à 3 unités pour cause de dépassement explosif de son budget, fleuron de la discrétion sous les mers, dont l’activité opérationnelle (peu médiatisée) est bien réelle, et qui a de fait ouvert la voie au programme Virginia (série à succès, car maîtrisant coûts et délais pour une série qui dépassera les 35 unités), à qui il a légué de nombreuses innovations.
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