L’Engagement des Américains dans la guerre 1917-1918
L’Engagement des Américains dans la guerre 1917-1918
Cet ouvrage universitaire conséquent et tout à fait intéressant regroupe les actes d’un grand colloque tenu à Paris en 2017. Il présente de multiples et riches contributions, couvrant tous les aspects de cette formidable épopée, vus par les différents protagonistes, avec le recul du temps et en bénéficiant des recherches historiques les plus récentes. D’abord opposée politiquement à une participation active à ce conflit intra-européen, l’Amérique neutre du président Woodrow Wilson se décide à déclarer la guerre à l’Allemagne après l’instauration de la guerre sous-marine à outrance en janvier 1917.
Pratiquement dépourvue de forces armées dignes de ce nom en début 1917, elle engage alors un processus de montée en puissance d’une ampleur incroyable et inédite dans l’histoire, qui lui permettra d’envoyer plus de deux millions d’hommes en Europe en moins de deux ans. Dès février 1917, plus de la moitié des destroyers de l’US Navy sont directement incorporés à la flotte britannique pour lutter contre la menace sous-marine et protéger les convois. Elle va se battre avec honneur et courage, complètement intégrée aux forces navales alliées. La Navy se réserve toutefois la protection du transport des troupes américaines vers l’Europe, qui ne subira heureusement aucune perte significative.
Du côté de l’US Army, tout est à créer d’une armée moderne et bien équipée. Faute d’expérience au combat et surtout à défaut d’industries nationales capables de fournir en grandes quantités des armements modernes, les forces américaines de terre et de l’air sont pratiquement formées et équipées essentiellement par les Français, et dans une moindre mesure les Britanniques, jusqu’à la fin du conflit. Partie de rien, la force aérienne américaine comptera 45 escadrilles et 760 pilotes le jour de l’armistice ; elle aura abattu 780 avions ennemis. L’organisation, les processus, les infrastructures et les équipements mis en œuvre sont décrits et illustrés par plusieurs contributions de qualité, y compris dans leurs aspects industriels et techniques. Le corps expéditionnaire américain (AEF) est commandé par le général Pershing qui maintient son armée autonome et unifiée, même s’il est placé sous le commandement interallié du maréchal Foch. En pratique, l’AEF n’est véritablement engagé sur le front qu’en mai 1918. Il s’y distinguera en plusieurs circonstances, notamment à Saint-Mihiel en septembre 1918, et laissera 116 000 morts.
Plusieurs chapitres traitent des relations entre Américains et Alliés, principalement Français, sur le terrain. Marquant un louable esprit de vérité, des auteurs notamment américains redressent certains récits pro domo qui avaient pu générer des visions peu conformes à la réalité. Pour les Américains, la Grande Guerre est un formidable apprentissage des savoirs militaires ; elle formera une génération de grands chefs comme Patton, Marshall ou MacArthur. L’engagement courageux et sans limites de l’Amérique aux côtés des Alliés en 1917, la fit entrer de plain-pied dans le XXe siècle, au premier rang des Nations. ♦