Voici la seconde partie du rapport sur la gestion de la défense tel qu'il a été présenté à un colloque en mai 1980. Elle concerne les armements et tire une conclusion générale de l'ensemble, dont il ressort que, finalement, les techniques utilisées ont moins de poids dans les décisions que les choix d'ordre politico-stratégique.
L'appréhension économique du service de défense nationale (II) Le système des armements
Quelques-unes des caractéristiques mises en évidence dans le cas de la gestion du personnel se retrouvent plus nettement encore lorsqu’il s’agit des armements.
Tout d’abord, la nécessité d’une prospective à long terme s’impose avec plus de rigueur en raison des délais de recherches, d’études et de fabrication combinés à une durée moyenne d’utilisation estimée entre quinze et vingt-cinq ans. Dans ces conditions, il faut préparer aujourd’hui les générations d’armes qui seront en service en l’an 2000, et même au-delà. À cette contrainte de très long terme, s’ajoutent des problèmes de calendrier et d’échelonnement des programmes dans le temps. C’est ainsi que des échéances s’imposent dans les décisions. Entre 1985 et 1990, des choix fondamentaux se poseront pour les trois armées : porte-avions, avions de transport, avions de combat et chars, en raison de l’obsolescence attendue des porte-avions Foch et Clemenceau, des avions de transport Transall, des avions de combat Jaguar et des chars AMX30, pour rester dans le seul domaine de l’armement classique. C’est pourquoi la première exigence d’une politique de gestion des armements est celle de la maîtrise du temps.
De plus, les liens avec les options stratégiques, elles-mêmes adaptées aux analyses de situations géopolitiques, sont encore plus étroits que dans le cas de la gestion des effectifs. Ainsi, les choix concernant le nombre et les caractéristiques techniques des SNLE, et les décisions relatives à l’adoption de lanceurs mobiles pour les SSBS du Plateau d’Albion relèvent-ils davantage de considérations tenant à la définition de notre doctrine stratégique que d’évaluations économiques. Il en va évidemment de même pour les projets rattachés à l’armement nucléaire tactique (Pluton, système Hades, armes à neutron).
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