La guerre en Ukraine est riche en enseignements, y compris pour le domaine maritime. Ce conflit marque la fin de la mondialisation heureuse et le retour du rapport de force notamment sur les mers. Cela confirme le besoin de renforcer notre posture navale, en ayant une approche mondiale et pas seulement régionale.
Enseignements navals et maritimes de la guerre en Ukraine
Naval and Maritime Lessons Learned from the War in Ukraine
Much can be learned from the war in Ukraine: maritime matters are no exception, for the conflict is marking the end of propitious globalisation and the return of sabre-rattling, especially on the seas. All of which confirms the need to reinforce our naval posture from a global approach, rather than a purely regional one.
Tirer des leçons définitives d’un conflit toujours en cours est une gageure. Après six mois d’affrontements, nous pouvons néanmoins faire le constat d’enseignements qui, s’ils doivent être étudiés avec prudence, n’en sont pas moins riches. Restreindre l’analyse sur la focale trop réductrice des actions militaires dans les plaines du Donbass favoriserait grandement une méprise stratégique future. En effet, le conflit ukrainien est d’abord un amplificateur et un catalyseur de tendances géopolitiques mondiales observées bien avant le 24 février 2022. Sur le plan naval, il vient confirmer le retour de l’affrontement, là où la mer avait été considérée pendant des décennies comme le sanctuaire à partir duquel il était possible de mener des opérations aériennes ou amphibies. Sur le plan maritime, il a mis en avant l’importance de la protection des flux maritimes dont la crise céréalière est, à ce jour, la meilleure illustration.
Nous reviendrons d’abord sur ces tendances lourdes observées avant même le début du conflit et amplifiées par ce dernier, avant de tenter de tirer quelques leçons sur le plan maritime et naval. Nous terminerons avec quelques perspectives pour la Marine nationale.
La fin de la mondialisation heureuse ?
Le conflit a d’abord amplifié les mutations économiques commencées pendant la pandémie. Nous assistons à une remise en cause du modèle économique pensé pour un monde sans crise et ouvert. La mondialisation heureuse, où l’Asie était considérée comme l’atelier du monde, la politique de flux privilégiée à celle des stocks et où l’interdépendance était recherchée comme un facteur de stabilisation et de prospérité, a vécu. Même s’il est encore trop tôt et sans doute excessif d’annoncer une dé-globalisation, nous assistons à de vastes recompositions et à une prise de conscience qui confirme, a minima, la fin de certaines illusions, notamment sur le fait que les interdépendances allaient empêcher les conflits. Sur le plan maritime, la hausse des coûts du transport et les perturbations logistiques affectent déjà nos économies et ce mouvement pourrait durer.
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article