La guerre provoquée par la Russie à l’Ukraine illustre une volonté de rupture de Moscou vis-à-vis de l’Occident, et l’Ukraine se trouve sur une des zones de fracture selon les thèses de Samuel Huntington. De fait, ce conflit signifie que l’Histoire est en marche avec la volonté ukrainienne de choisir son destin.
Ukraine : une guerre de la fin de l’Histoire ?
Ukraine: an End of History War?
The war waged by Russia against Ukraine illustrates Moscow’s will for a break with the West. Ukraine now finds itself sitting on one of what Samuel Huntington called fault lines. This conflict clearly indicates that history continues to move forward and that Ukraine is free to choose its destiny.
Après avoir confronté la situation en Ukraine aux penseurs de la géopolitique du XXe siècle (1), il est proposé de poursuivre ici une réflexion distanciée sur cette guerre. Nous conduirons une analyse à partir de données culturelles et idéologiques, selon une approche plus conforme que la précédente à la tradition française de la géopolitique.
Une guerre selon la thèse de Francis Fukuyama
En 1989, il y a aujourd’hui trente-trois ans, Francis Fukuyama publiait un article dans la revue The National Interest qui fit grand bruit aux États-Unis et en Europe. Il est de bon ton de s’en gausser aujourd’hui, bien qu’il ait annoncé le premier la fin de l’URSS avant même la chute du mur de Berlin. Francis Fukuyama mettait dans le titre de son article un point d’interrogation à ce qu’il appelait « la fin de l’Histoire ». Il n’envisageait pas le triomphe de la démocratie dans le monde réel, à court ou moyen terme, comme on a voulu et comme on continue de le lui faire dire, et comme parfois il semble s’être pris à le croire lui-même par la suite. Il prétendait seulement, dans cet article, que son idéal était indépassable s’appuyant sur les philosophes de l’école hégélienne.
S’il y a en Ukraine une aspiration à la reconnaissance du droit de la nation ukrainienne à exister, et à être libre, à se rapprocher de l’Union européenne et de ses valeurs, n’est-ce pas parce que les Ukrainiens aspirent à l’idéal démocratique ? C’est cette liberté et cette aspiration qui leur sont déniées par Vladimir Poutine, comme il les refuse au peuple russe.
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