La question du génocide est souvent abordée par un biais émotionnel et donc instrumentalisée à des fins politiques. Or, il faut avoir une approche juridique en cherchant à définir l’intentionnalité. Cela permettrait d’éviter des imprécations et des effets de propagande, oubliant la matérialité des faits et faisant fi des victimes.
Guerre en Ukraine : y a-t-il génocide ?
War in Ukraine: Genocide or Not?
The question of genocide is often approached from an emotional standpoint and is then manipulated to political ends. When looking to define intention, a legal approach is needed in order to avoid unfounded accusations and the effects of propaganda which ignore material facts and neglect the victims.
Depuis quelques mois, le mot « génocide » est apparu dans les médias en association avec l’invasion russe de l’Ukraine. L’objet de cet article est d’examiner la difficulté et les défis qui surgissent de l’usage du mot « génocide » dans le cas de l’Ukraine aujourd’hui, sans faire l’impasse sur une appréhension plus large de la problématique.
L’origine de la question
Pour expliquer, sinon justifier, leur agression de l’Ukraine à partir du 24 février 2022, les autorités russes ont indiqué les objectifs initiaux de leur « opération militaire spéciale ». Il s’agissait notamment pour le Président Poutine de « dénazifier » et de « démilitariser » le régime de Kiev et de prévenir un génocide dans le Donbass, région orientale de l’Ukraine actuellement occupée par la Russie et dont elle revendique l’indépendance. Derrière cette argumentation « audacieuse », la Russie, de son côté, avait-elle initialement, ou a-t-elle, une intention de nature génocidaire en Ukraine ?
Convaincue que les Ukrainiens se rallieraient rapidement à un nouveau régime mis en place et contrôlé par la Russie, celle-ci lançait le 24 février une opération militaire qui devait permettre à Moscou de prendre rapidement le contrôle de Kiev et du gouvernement ukrainien. On sait ce qu’il advint. Depuis l’échec du début de cette guerre d’agression, les opérations militaires se succèdent sur un front qui a considérablement évolué sans que Moscou réussisse à prendre un ascendant clair sur Kiev en dépit d’avancées territoriales. La brutalité et la violence des combats ont déjà été maintes fois décrites dans les médias.
Il reste 89 % de l'article à lire
Plan de l'article