Les Sept vies d’Adrien Conus
Les Sept vies d’Adrien Conus
Adrien Conus a vécu une existence courte, mais intense. Né dans la Russie tsariste en 1900, il grandit à Nice. Grand pianiste, parlant le russe, le français, l’anglais et l’allemand, décoré des plus hautes distinctions, il est à la fois combattant, espion, braconnier et bricoleur d’armes de génie. Ses sept vies pistées par Pierre Servent s’étendent de la Syrie mandataire à l’Indochine coloniale en passant par le désert africain, l’Allemagne et le Vercors. Si Adrien Conus obtient son diplôme d’ingénieur de l’École supérieure de travaux publics (ENTP) en 1923, c’est en Afrique, à laquelle il voue une véritable passion, qu’il trouve un terrain d’épanouissement à la hauteur de ses attentes. Il y traque les fauves et les éléphants, qu’il abat du premier coup. Il trafique de l’ivoire. Épris d’absolu, il aime les émotions fortes. Il se bat dans les bistrots. Il est prisé comme guide de chasse. Il rencontre le broussard français Pierre Bourgoin, directeur d’école, qui sera son ami dévoué jusqu’à la fin.
En 1940, l’aventurier franco-russe devient gaulliste. Il rejoint le bataillon de marche n° 2 (BM2) sous les ordres de l’officier d’active Robert de Roux. Affecté en Syrie, il est promu sous-lieutenant après la bataille fratricide contre les troupes pétainistes à Damas. Il rejoint le djebel druze en octobre 1941. Entre mai et juin 1942, Adrien Conus est l’un des héros de la bataille mythique de Bir Hakeim dans le désert libyen, première contribution militaire significative de la France libre à l’effort de guerre allié. Si les Italiens se heurtent au dispositif défensif des Français libres, l’Afrikakorps d’Erwin Rommel réussit, grâce à l’aviation, à venir à bout de la résistance acharnée des troupes du général Marie-Pierre Koenig. Conus reçoit une balle à l’épaule lors de l’exfiltration du site. Il est à nouveau blessé, à la cheville cette fois, lors d’affrontements en Tunisie en avril 1943.
Déjà quarantenaire, Adrien Conus intègre les services secrets français, au terme d’une impitoyable sélection opérée par les Britanniques. Sous le nom de code « Volume », le vétéran du groupe exécute en juillet 1944 sa première mission interalliée (Eucalyptus). Il découvre le maquis du Vercors, dont les combattants sont habités par une trompeuse illusion d’invincibilité due au relief. Ils finissent d’ailleurs par succomber aux avancées des Allemands et des miliciens. Rescapé par miracle de la répression, Conus participe aux combats dans le Dauphinois qui conduisent à la libération de Grenoble puis de Lyon.
Après le débarquement puis la capitulation de l’Allemagne nazie, Adrien Conus se tourne vers l’Asie, terre de renaissance pour beaucoup d’espions aguerris. En octobre 1945, son commando est affecté en Indochine pour organiser des opérations de renseignement, de sabotage, d’infiltration, d’enlèvement, etc. Il les mène dans le Sud de la Cochinchine, avec son amante Zina Maximovitch, une Russe blanche. Au printemps 1946, il participe à la prise de la ville de Thakhek au Laos. Désavoué par sa hiérarchie pour des actes répréhensibles commis en Indochine, cet ami de Joseph Kessel, malade, périclite dans un hôpital à Bangui. Le 1er décembre 1947, le Compagnon de la Libération Adrien Conus décède. ♦