La cryptographie est une science ancienne d’abord au service des États pour garantir le secret des échanges. Avec le numérique, crypter est devenu un enjeu majeur de souveraineté. La France dispose de très solides compétences, mais qu’il convient de renforcer dans un environnement cyber en mutation permanente.
La cryptographie, socle de la souveraineté numérique
Cryptography—the Basis/Foundation of Digital Sovereignty
Cryptography is an age-old science, principally serving nations to guarantee the secrecy of their communications. In the digital world, encryption has become a major stake in sovereignty. France has very sound competence in the field, yet it needs to be boosted to cope with a continually-changing cyber landscape.
La cryptographie est une discipline qui a pour but de protéger la confidentialité ou l’intégrité d’informations, stockées localement ou transmises à un partenaire via des liaisons non maîtrisées, en s’appuyant sur des secrets, dits « clés ». Pratiquée dès l’Antiquité, elle a d’abord connu des usages militaires et diplomatiques, avec une dimension stratégique évidente. Pendant des siècles, les mécanismes utilisés sont restés rudimentaires, comme le code de César, ou le chiffre de Vigenère. Les techniques utilisées se sont depuis largement complexifiées, et la cryptographie a joué un rôle majeur lors des deux guerres mondiales. Lors de la Première, Georges Painvin parvint à décrypter les messages allemands, et notamment le « Radiogramme de la Victoire », permettant d’anticiper une attaque allemande sur Compiègne en juin 1918. De même, durant la Seconde Guerre mondiale, le décryptage par les Alliés des messages chiffrés par les Allemands au moyen de la célèbre machine Enigma a eu une influence décisive sur l’issue du conflit.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, la cryptographie s’est considérablement modernisée en tirant parti des capacités des ordinateurs. Cette transformation a également permis l’émergence de nouveaux services cryptographiques, ainsi qu’une ouverture vers le grand public et les acteurs économiques.
Depuis quelques années, avec son smartphone, sa carte bancaire, ou même son passeport, un citoyen français utilise quotidiennement, et la plupart du temps sans en avoir réellement conscience, des moyens cryptographiques. La cryptographie, souvent invisible, est ainsi au cœur de la sécurité des données des citoyens comme des États.
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