L'industrie d'armement a pour but essentiel de fournir aux armées les moyens dont elles ont besoin mais, en même temps, elle s'insère dans une politique industrielle qui doit tenir compte non seulement des impératifs de la défense militaire, mais aussi des nécessités propres à l'économie et à la vie sociale de la nation. Elle pose donc de difficiles problèmes, et les solutions retenues ont varié dans le temps et ne sont pas uniformes. C'est cette diversité, d'abord d'ordre juridique, que nous expose l'auteur. On doit ajouter que le Premier ministre du précédent gouvernement (Raymond Barre), dans un esprit sensiblement différent des considérations développées dans le présent article, avait créé une commission interministérielle de concertation (Défense, Industrie, Transports, PTT, Recherche) chargée de « mieux insérer la commande publique d'armement dans la stratégie industrielle nationale et d'harmoniser dans ce domaine les actions menées par les différents ministères intéressés ».
Industrie d'armement et politique industrielle de défense
S’il n’est pas si lointain, le temps où quelques articles du Code civil suffisaient à régler les rapports juridiques découlant de l’activité industrielle appartient à un passé révolu. Dans les sociétés modernes, l’industrie est, parmi les activités humaines, l’une de celles qui soulèvent le plus de problèmes sur les plans politique, économique et social.
Même dans les nations de tradition libérale, un réseau serré de règles et d’institutions lie l’État et l’industrie. Des législations spéciales, droit commercial, droit du travail, législation sociale, législation industrielle, ont proliféré, à côté du droit commun. L’État lui-même a pris en charge une partie du domaine économique dans les secteurs du crédit, des transports, de l’énergie, du nucléaire, de l’aéronautique, de l’automobile…, se dotant ainsi de puissants moyens d’intervention sur l’appareil économique du pays, et particulièrement sur l’activité industrielle. La planification, même si elle reste libérale, le conduit à contrôler plus ou moins directement la totalité des entreprises industrielles en recensant leurs moyens, en supputant leurs possibilités et en désignant les objectifs privilégiés de leur développement.
Si, de façon générale, l’industrie est de plus en plus contrôlée par l’État, il est facile de comprendre que le « contrôle » soit au moins aussi étroit lorsqu’il s’agit de l’industrie d’armement. Cette « industrie d’armement » pose en effet des problèmes spécifiques.
Il reste 97 % de l'article à lire
Plan de l'article