La question de Taïwan est de plus en plus sensible, d’autant que Pékin récuse les relations entre certains États-membres de l’Union européenne (UE) comme la Lituanie et l’île nationaliste. La compétition géopolitique voulue par la RPC risque de se durcir au regard des ambitions ouvertement affichées par les dirigeants de Pékin.
« Principe d’une seule Chine » et « Politique d’une seule Chine », une cohabitation en péril ?
The One China Principle and the One China Policy—a Coexistence in Danger?
The issue of Taiwan is becoming increasingly sensitive, a situation worsened by Beijing’s objection to the relationship between some member states of the European Union, such as Lithuania, and the nationalist island. The geopolitical competition sought by the PRC risks becoming more tense, given the openly-declared intentions of the Beijing leadership.
Le 3 août 2022, les ministres des Affaires étrangères du G7 et le Haut représentant de l’Union européenne ont publié un communiqué dédié à la situation dans le détroit de Taïwan appelant la République populaire de Chine (RPC) « à ne pas modifier unilatéralement et par la force le statu quo dans la région et à régler les différends entre les deux rives du détroit de façon pacifique », ajoutant que « les politiques d’une seule Chine appliquées respectivement par les membres du G7 demeurent constantes, le cas échéant, tout comme leurs positions de base concernant Taïwan » (1). Sans surprise, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi a fermement réfuté cette déclaration qui « avait inversé le noir et le blanc, confondu le bien et le mal, et porté des accusations sans fondement contre les initiatives raisonnables et légitimes de la Chine pour défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale » (2).
Cette passe d’armes diplomatique, qui a fait suite au déclenchement par Pékin de manœuvres militaires autour de Taïwan (3), rappelle qu’il n’y a pas de consensus international sur le statut de la République de Chine. De nombreux États, tout en reconnaissant la RPC comme le seul représentant de la Chine, développent des coopérations avec Taïwan plus ou moins tolérées par Pékin.
Principe versus politique
Depuis que les nationalistes vaincus de Tchang Kaï-chek se sont réfugiés à Taïwan en 1949, les États-nations ont la possibilité d’entretenir des relations diplomatiques officielles avec la RPC ou avec la République de Chine, mais pas les deux. Il n’existe à l’Organisation des Nations unies qu’un seul siège pour la Chine duquel Taipei a été exclu en 1971 pour être occupé par Pékin. Toutefois, rien n’empêche les États d’entretenir des contacts officieux avec Taïwan et il faut distinguer ici la « politique d’une seule Chine », qui signifie la reconnaissance de la RPC comme le seul représentant de la Chine sans trancher la question du statut légal de Taïwan, du « principe d’une seule Chine », expression employée par Pékin pour signifier que Taïwan est une partie inaliénable de la Chine qui sera réunifiée un jour. Comme l’écrit Antoine Bondaz, chargé de recherches à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), « Pékin cherche à imposer l’idée que tous les pays ayant des relations diplomatiques avec la RPC reconnaîtraient sa souveraineté sur Taïwan et ne pourraient pas approfondir les coopérations existantes avec le pays (4). » L’expression « principe d’une seule Chine » renvoie à cette idée et à ce que Pékin attend de la communauté internationale dans ses relations avec Taïwan.
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