Le continent sud-américain est dans une situation ambiguë au regard de la guerre en Ukraine. La plupart des pays s’efforcent de maintenir une relative neutralité entre Washington, Moscou et Pékin. La Chine en effet est devenue un partenaire économique majeur. Diversifier les partenariats apparaît comme important.
Amérique latine - Le continent latino-américain et la guerre en Ukraine
Latin America—The Latin American Continent and the War in Ukraine
The South American continent is in an ambiguous situation regarding the war in Ukraine. Most countries are making an affort to maintain a neutral position between Washington, Moscow and Beijing. The fact is that China has become a major economic partner: diversification of partnerships would now seem important.
Depuis le 24 février 2022, les tensions se renforcent à la suite de l’agression de l’Ukraine par la Russie. Le système international établi au lendemain de la Seconde Guerre mondiale en faveur d’un nouvel équilibre de sécurité, adapté au lendemain de la chute du mur de Berlin, est ébranlé. Sans doute l’est-il plus encore qu’après les attentats du 11 septembre 2001 tant la violente charge de la Russie, oblige chacun à assumer ses responsabilités historiques et stratégiques.
Retour de la guerre à haute intensité sur le sol européen, pression économique qui se traduit notamment, par une inflation et des tensions sur les marchés de l’agroalimentaire et de l’énergie, apparition d’une nouvelle logique de blocs qui semblait révolue depuis la disparition de système bipolaire Est-Ouest en 1991, autant de faits nouveaux qui placent l’Amérique latine en porte à faux sur la scène internationale. C’est exactement la posture que ne souhaitait pas vivre le continent : devoir choisir son camp alors que l’évolution économique, politique et sociale de ces dernières années, le conduit plutôt à déployer des talents d’équilibriste ; ne pas rompre avec l’Occident, sans pour autant le faire avec des puissances qui ont leur propre agenda stratégique à l’instar de la Chine. Cette situation l’oblige à concilier des positions contradictoires : la posture visant à afficher « une neutralité » est privilégiée. Elle ouvre pourtant la porte à toutes les interprétations : volonté de respecter le principe de souveraineté nationale ou celui de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État, celle visant à se concentrer sur les situations internes rendues difficiles par la pandémie de la Covid-19, etc.
La fin de non-recevoir à la demande de la Commandante en chef des forces américaines pour la zone sud (USSOUTHCOM), la générale Laura Richardson, visant à voir les pays en état de le faire, de livrer des armes à l’Ukraine, renforce non seulement les interrogations mais également, une forme de malaise. Celui-ci est contrebalancé par le vote de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies du 23 février 2023 qui a rassemblé une large majorité des pays latino-américains. Cette position médiane ne fait-elle pas courir un risque de marginalisation sinon de « balkanisation » d’un continent qui craint par-dessus tout, d’être prisonnier d’un nouveau bilatéralisme le renvoyant aux démons des années 1970-1980 ? Ne serait-il pas, finalement, pris dans les limites d’un multilatéralisme qui l’a conduit, depuis les années 1990, à diversifier ses partenaires économiques au risque de devenir en partie, dépendant de la Chine, devenue un de ses principaux partenaires économiques avec les États-Unis, sans n’avoir jamais rompu avec la Russie ? Pourtant certains pays, tels le Brésil ou le Mexique, pourraient jouer un rôle de médiation.
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