La réalité de la défense européenne reste modeste au regard des efforts consentis. Or, il est nécessaire de renforcer les capacités actuelles sous-utilisées. Cela peut se faire sans un coût excessif, mais nécessite une volonté politique plus affirmée de l’Union européenne pour être plus autonome dans ses choix stratégiques.
De l’efficacité de l’Union européenne en matière de défense
The Effectiveness of European Union Defence
European defence is in reality somewhat modest in relation to the effort spent on it. There is a need to strengthen currently under-used capabilities. That can be done without excessive cost but far stronger political will is needed within the European Union for it to be more independent in its strategic decision making.
Force est de constater qu’en dépit de près de trois décennies de montée en puissance lente et timide, la réalité de la défense européenne est modeste et le résultat n’est pas à la hauteur de l’ambition d’acteur géopolitique majeur et d’autonomie stratégique à laquelle l’Union européenne pourrait prétendre. Le conflit ukrainien a douloureusement montré sa faiblesse, pour ne pas dire son absence en tant que puissance mondiale, et son incontournable dépendance des États-Unis dès lors qu’il s’agit de prendre des décisions politiques relatives à sa sécurité. Cette situation n’est cependant pas sans espoir pour l’avenir, et ce d’autant plus qu’il existe de multiples approches pour disposer à terme plus ou moins proche d’une défense européenne autonome et pour améliorer, d’ores et déjà, l’efficacité de l’UE dans ce domaine. Dans le contexte actuel, deux pistes parmi toutes les autres peuvent être privilégiées.
La 1re consiste à suivre avec intérêt, mais surtout avec patience et réalisme, ce qu’il adviendra de l’initiative désormais lancée par le Parlement européen pour réviser les Traités (1) sur lesquels se fonde la réalité politico-juridique de l’UE. Cette révision pourrait notamment aboutir à la suppression du veto dans les décisions du Conseil européen et à une augmentation de la compétence de l’Union en matière de défense. Celle-ci y gagnerait en efficacité, notamment en rapidité d’intervention et en capacité opérationnelle. Toutefois, la majorité qualifiée appliquée au domaine de la défense, notamment en ce qui concerne l’engagement opérationnel, ne serait pas sans poser un problème majeur d’abandon de souveraineté. Quoi qu’il en soit, on ne peut que constater que l’aboutissement de cette démarche est pour le moins incertain et que, dans le meilleur des cas, il n’adviendra qu’à moyen-long terme.
La 2e consiste à partir des institutions actuelles de l’UE et des possibilités qu’elles offrent en matière de défense, à proposer des mesures simples, concrètes, immédiatement réalisables pour rendre l’Union plus efficiente et plus crédible dans ce domaine. Il suffit pour cela que les États-membres soient fidèles à leurs engagements, ceux qu’ils ont pris en ratifiant les traités Européens et notamment en signant la Boussole stratégique (2).
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