La France est présente en Indo-Pacifique et affirme sa volonté d’y être un acteur crédible et respecté, recherchant à rassembler plutôt qu’à diviser. La LPM 2024-2030 renforce les ambitions nationales avec nos partenaires dans une perspective d’équilibre nécessaire au développement économique indispensable pour la région.
La France en Indo-Pacifique : une ambition partagée pour une légitimité renforcée
France in the Indo-Pacific Region: Sharing Aims for Greater Legitimacy
France has long been present in the Indo-Pacific region and is asserting its desire to be a credible and respected actor—one which seeks to unite, rather than divide. The 2024-2030 LPM (Loi de programmation militaire—military programming law) will give a boost to national objectives regarding partnerships in the area with the aim of achieving an appropriate balance in support of the economic development so essential to the region.
L’ambition de la France dans l’Indo-Pacifique est légitime : nous y avons des ressortissants, des territoires, des intérêts à protéger. Nous y sommes incontestablement une puissance régionale. Et pourtant, cette légitimité est, au mieux, ignorée mais plus souvent contestée par nos interlocuteurs dans la zone. Les récents déplacements du chef de l’État en Chine (avril), au Japon et en Mongolie (mai) puis en Nouvelle-Calédonie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Vanuatu et au Sri Lanka (juillet), illustrent en même temps qu’ils nourrissent l’ambition de la France en Indo-Pacifique. Toutefois, cette ambition doit s’inscrire dans une démarche partagée avec nos partenaires européens et régionaux.
La France, puissance indo-pacifique
L’engagement résolu de la France en Indo-Pacifique est une évidence. Présente par sa géographie avec ses territoires ultramarins, présente par sa démographie avec plus de 1,65 million de citoyens français résidant dans la région et un nombre de Français à l’étranger qui a triplé en deux décennies, atteignant plus de 190 000 compatriotes, présente par ses nombreuses coopérations (1) (environnement, santé, patrimoine, archéologie, sciences humaines et sociales), présente par sa solidarité (le groupe Agence française de développement, AFD, s’y renforce avec déjà en 2021 un encours de 1,2 milliard d’euros), présente par son économie (26 % de nos importations mondiales en valeur et 22 % de nos exportations avec la zone APEC, Coopération économique pour l’Asie-Pacifique), présente par ses conseillers du commerce extérieur (944 recensés, soit 22 % des effectifs mondiaux), la France, membre fondateur de l’Union européenne et membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, assume incontestablement un rôle multiple de puissance régionale. Adopter une stratégie globale en Indo-Pacifique couvrant tous les domaines de son action extérieure était donc indispensable. Et c’était tout l’objet du discours du président de la République en mai 2018, sur la base navale australienne de Garden Island (2), un discours très clair qui présentait une feuille de route dont on ne peut que constater que la mise en œuvre manque parfois encore d’élan.
Les forces armées jouent un rôle clé pour crédibiliser la stratégie française en mettant l’accent sur la connaissance, la protection, la prévention et l’intervention. Elle œuvre également pour le renforcement des institutions régionales et de la coopération multilatérale. Cette ambition a été traduite dans la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qui met en lumière l’impératif d’action visant à renforcer la défense du territoire national, notamment de nos territoires ultramarins et de nos zones économiques exclusives (ZEE). Cela se concrétise par un investissement de près de 13 milliards d’euros d’ici 2030. La LPM identifie clairement l’Indo-Pacifique comme un enjeu clé, exigeant une réévaluation de notre dispositif de défense face aux évolutions géopolitiques, aux stratégies hybrides mises en place par nos concurrents, ainsi qu’aux effets du changement climatique, de l’exploitation excessive des ressources naturelles et des flux migratoires illégaux. Une attention particulière est portée à la surveillance et au renseignement. Le renforcement des moyens d’action se manifeste par le déploiement de corvettes, hélicoptères (3) et véhicules terrestres, tandis que six patrouilleurs modernes (4) seront mis en service pour renforcer les forces de souveraineté. La réactivité en matière d’intervention est également visée, avec un accent sur les réponses immédiates à l’échelle locale (comme cela a été le cas au Vanuatu en mars 2023) et la mise en place de capacités de transport tactique et stratégique pour le déploiement de renforts. Enfin, le maintien en condition des bases des forces dans les DROM-COM (départements, régions et collectivités d’outre-mer) constitue une priorité, tandis que l’établissement de nouvelles bases fait l’objet d’une attention minutieuse (5).
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