Les produits low cost envahissent les marchés domestiques et touchent de nombreux secteurs d’activité. La Défense pourrait bénéficier de certaines de ces pratiques pour répondre à de nouveaux besoins opérationnels. La prochaine LPM devrait ainsi permettre de tels développements, tirant des enseignements notamment de la guerre en Ukraine.
Quelle place pour du low cost dans la LPM ?
Is There a Place for Low Cost in the LPM?
Low-cost products are invading domestic markets and appearing in numerous sectors of activity. The defence sector might benefit from some of these practices when responding to new operational needs. The next LPM should therefore allow room for such developments, drawing lessons from the war in Ukraine in particular.
En 1977, Norman R. Augustine, alors Sous-secrétaire à l’armée des États-Unis qui devint à la fin des années 1990 président de Lockheed Martin, annonçait : « Si les méthodes du Pentagone et l’évolution des coûts ne changent pas, le budget du Pentagone autour de 2050 servira à acheter un seul avion tactique » (1). De fait, l’augmentation des coûts unitaires des armements, souvent justifiée par une amélioration de leurs performances opérationnelles, affecte directement les volumes des parcs (2) alors qu’il reste nécessaire de respecter certains seuils capacitaires pour garantir la supériorité opérationnelle de nos forces armées. Simultanément, la forte hausse des coûts de Maintien en condition opérationnelle (MCO) des systèmes d’armes (3) vient à iso-budget faire baisser d’autant le pouvoir d’achat des armées pour l’acquisition de nouveaux équipements. Dans le cadre d’un débat stratégique où le retour de la guerre en Europe rime avec économie de guerre et forte croissance des dépenses de défense (4), il devient tout à fait opportun de questionner le modèle low cost pour en tirer quelques enseignements.
Le modèle low cost
Très développé dans le transport aérien, le modèle low cost s’est diffusé dans de nombreux secteurs économiques : automobile, téléphonie mobile, grande distribution alimentaire, banque et assurance. Ce modèle n’est pas une simple baisse des coûts de production que l’on pourra obtenir par exemple par une délocalisation mais « un modèle économique qui part des besoins des clients, pour les redéfinir dans le sens d’une simplification à l’extrême. Chaque produit et chaque service sont repensés pour être mis à nu, découpés, dépouillés de leurs fonctions annexes jusqu’à n’en retenir que le cœur, c’est-à-dire la fonction essentielle, celle qui satisfait au besoin minimal » (5).
Dans un grand nombre de secteurs, le modèle low cost s’est mis en place en plusieurs étapes :
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