Le courage est fréquemment associé au soldat. Vertu innée ou acquise par l’entraînement, qualité intrinsèque de l’individu ou capacité collective du groupe confronté à l’épreuve. De fait, c’est tout à la fois selon une alchimie complexe souvent liée à des circonstances extraordinaires.
Guerre et Philosophie – Courage
War and Philosophy–Courage
Courage is a characteristic frequently associated with the soldier. Is it an innate virtue or one acquired through training? An intrinsic quality of the individual or a collective capability within a group put to the test? In fact it is all of these, combined according to a complex alchemy which is often related to extraordinary circumstances.
La militarité n’est pas un fait brut, éternel et immuable, pas plus qu’elle ne possède une définition objective, exclusive et intangible. La distinction de la condition militaire vis-à-vis de celle des autres hommes possède une histoire, liée à un espace et à un temps, ayant conduit, dans son versant moral, à penser celui qui combat comme étant le dépositaire de certaines vertus dont les définitions se sont précisées à mesure que les circonstances l’exigeaient.
La militarité, en ce sens moral, s’énonce comme le « ce sans quoi » il n’y aurait pas d’armée possible et le « ce vers quoi » chaque soldat devrait tendre. De ce fait, elle correspond à un devoir être plutôt qu’à un être, à un système de vertus que le soldat se doit d’embrasser, qui conditionne et constitue son appartenance au groupe. Cela ne signifie pas que seul le militaire posséderait ces vertus, mais que sans celles-ci, l’exercice de ce qui est devenu un métier s’avérerait impossible. La militarité est garante de l’existence de l’armée, de son efficience et de sa différence, ce qui explique qu’elle soit sans cesse interrogée et réaffirmée. Elle s’énonce comme l’esprit qui anime le corps combattant, esprit dont la vivacité dépend aussi de sa connaissance, c’est pourquoi nous aimerions revenir sur l’histoire des vertus la constituant, les raisons pour lesquelles elles ont été promues et les débats animant leur définition.
La première de ces vertus, celle qui, dans l’histoire, est apparue comme étant la condition sine qua non de l’exercice martial, est le courage. Il est, par excellence, associé au choix du militaire d’accepter le sacrifice de soi comme fin possible et constitue le socle de son statut d’exception. Néanmoins, l’affirmation paraît un peu rapide et conduit parfois à associer mécaniquement nombre d’expositions à la mort et occurrences du courage (1), comme si l’un ne s’était jamais reconnu qu’en l’autre. Historiquement, cette vertu se dilue-t-elle dans la bravoure au combat ? Il semble permis de penser, au contraire, que si le courage « héroïque » demeure une condition de la militarité à titre de devoir possible, il n’en reste pas moins que la vertu de courage possède un champ d’application bien plus vaste que celui promu par une vision strictement sacrificielle de la militarité et constitue effectivement le socle de son exercice, depuis longtemps déjà.
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