Editorial
Éditorial
À l’heure où les tensions géopolitiques sont au paroxysme au Proche-Orient depuis l’attaque terroriste du Hamas contre la population israélienne du samedi 7 octobre avec des massacres aveugles et que la guerre de haute intensité conduite par la Russie contre l’Ukraine depuis le 24 février 2022 se poursuit sans relâche, s’interroger sur les enjeux stratégiques du réchauffement climatique pourrait sembler en décalage avec la réalité brutale de notre quotidien. Certes, les effets des événements météorologiques brutaux se font désormais sentir, y compris sur notre territoire métropolitain pourtant réputé par son climat dit « tempéré ». Les feux de forêt massifs, les violentes inondations, les sécheresses avec la baisse des rendements agricoles et les évacuations de populations ne sont plus des faits exceptionnels et touchent de nombreuses régions du monde dont le bassin méditerranéen, Mare nostrum, avec ses conséquences comme les migrations du Sud vers le Nord, censé être plus vivable.
Dans un monde multipolaire en compétition, contestations et affrontements, la première responsabilité des dirigeants en charge de notre défense est bien d’aller au-delà du court terme – aussi terrible soit-il – et de prendre en compte les prochaines mutations impliquant directement notre sécurité. C’est bien le cas du changement climatique qui apporte une incertitude stratégique croissante. Il convient donc de l’appréhender et de s’y préparer à tous les niveaux, tant dans nos pratiques du quotidien qu’à l’échelon politique, telle la problématique des ravitaillements, notamment dans le champ des énergies. Cependant, il faut également prendre en compte d’autres facteurs comme les terres rares pourtant essentielles dans la transition énergétique et dont la Chine en contrôle la quasi-totalité. Et s’inscrire dans le temps long !
En décembre 2015, alors que la COP 21 se tenait à Paris, la RDN y avait consacré son dossier ; 8 ans après, non seulement la situation s’est dégradée mais l’urgence s’est accélérée. Toutefois, durant cette période, les réflexions, les travaux se sont succédé mais aussi les actions concrètes allant de la rénovation des infrastructures de défense, jusqu’aux longues discussions diplomatiques visant à protéger nos « biens communs » face aux ambitions de compétiteurs désinhibés.
Cette dernière dimension est souvent loin des radars médiatiques. Or, depuis des décennies, diplomates et militaires sont amenés à travailler de plus en plus ensemble. Auparavant, les temps des uns et des autres étaient successifs : après l’échec de la diplomatie, le temps de la guerre puis à nouveau le moment des diplomates. Les crises d’aujourd’hui et de demain obligent à agir ensemble. Cela signifie une meilleure compréhension des modes d’action des deux sphères et en agissant sur les complémentarités. Sans connaître les après-guerres en Ukraine ou au Proche-Orient, il faut espérer qu’il y aura un temps pour les diplomates, en s’appuyant sur la réalité militaire et sur le nouvel état des rapports de force à l’issue des conflits. Apprendre à travailler ensemble est donc essentiel pour ne pas faillir face aux défis sécuritaires que nous devons affronter dès à présent. ♦