L’Observatoire Défense & Climat travaille sur les impacts du changement climatique dans le champ très vaste des enjeux de défense. De nouvelles menaces semblent voir le jour et doivent être appréhendées dès à présent pour éviter qu’elles ne débouchent sur des conflits non maîtrisables. Cela exige également de s’inscrire dans la durée afin de s’adapter à ces évolutions inéluctables.
Entretien - L’environnement est un sujet de coopération internationale
Interview–The Environment is a Subject for International Cooperation
The Observatoire Défense & Climat (Defence and Climate Observatory) is working on the impacts of climate change in the vast field of challenges to defence. New threats are appearing which need to be understood now if they are not to lead to uncontrollable conflicts. This also requires a long-term commitment in order to adapt to these inescapable developments.
L’Observatoire Défense & Climat a été lancé en 2016, dans le cadre d’un marché public remporté par l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), en coopération avec de nombreux autres centres de recherche – notamment Sciences Po et la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). L’idée était de réunir dans une équipe de recherche l’essentiel des chercheurs français qui travaillaient déjà sur des thématiques au croisement des sujets climatiques et des enjeux de défense. Cela n’impliquait pas beaucoup de personnes à cette époque.
En 2016, l’Observatoire avait pour but de fournir au ministère de la Défense (devenu des Armées en 2017) et à sa Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) des données et de l’expertise. Le projet était de rassembler des géopolitologues et des analystes des relations internationales à des fins d’anticipation des crises que pourrait provoquer ou participer à provoquer le changement climatique. Cet Observatoire n’a donc pas vocation à, par exemple, fournir au service d’ingénierie du ministère des Armées des informations sur la manière dont le changement climatique pourrait venir perturber des systèmes d’armes.
L’Observatoire Défense & Climat a également pour objet de faire le lien avec le grand public, et notamment avec la communauté des chercheurs au-delà du ministère des Armées. Les chercheurs de l’Observatoire n’ont d’ailleurs pas d’habilitation et ne font pas partie des armées. Cela permet d’avoir une assise différente dans les cercles stratégiques et scientifiques, ainsi qu’auprès du grand public.
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Vous êtes directrice de l’Observatoire Défense & Climat. Quelles sont ses missions ? Pourquoi était-il important de créer une telle structure ? Comment se positionne l’Observatoire dans le paysage de la recherche ?
L’année 2023 a battu des records de chaleur et est un symptôme du changement climatique. Nos armées sont directement impactées, avec, par exemple, des températures qui peuvent frôler les 50 °C dans certaines zones du monde : quels sont les enjeux géopolitiques liés au climat que l’Observatoire a pu identifier depuis 2016 ?
Le risque est davantage présent si les autorités politiques ne sont pas préparées aux enjeux climatiques. Comment faire pour s’adapter ?
Pour consolider cette adaptation à l’échelle mondiale, est-ce que l’Observatoire Défense & Climat peut conseiller à l’étranger ?
L’adaptation passe par la transition énergétique. Comment les armées et le monde de la défense, en général, la mettent-ils en pratique ?
Le changement climatique met en avant de nouvelles menaces. On peut parler des conflits de prédation, notamment avec l’eau. À l’ère du « tout électrique » à l’horizon 2035 dans l’Union européenne, nous parlons de « nouvelles guerres des ressources ». Quels en sont les effets à l’heure actuelle et à plus long terme, sur les questions de défense ?
Davantage que le risque de conflits interétatiques, nous serions surtout dans un contexte similaire à celui de la guerre froide, avec la déstabilisation politique de régimes, afin de faire en sorte que lesdits régimes soient plus favorables à nous donner accès à certaines ressources ?
L’immigration marque un certain échec des pays de départs, avec l’État qui n’a pas été en mesure de suffisamment apporter les garanties d’une vie sereine avec une sécurité économique et sanitaire à une partie de sa population. On parle de plus en plus du phénomène de « migration climatique » comme d’une nouvelle menace géopolitique. Celles-ci ont-elles déjà commencé ? Comment le monde se prépare-t-il à recevoir de nouveaux flux migratoires en lien avec le changement climatique ?
Les armées semblent s’être bien saisies de ces problématiques. La cible, maintenant, ne serait-elle pas le grand public ?
Comment faire face à certaines opinions publiques climatosceptiques, voire à des dirigeants qui ne croient pas en la réalité du changement climatique ?
In fine, y a-t-il une possibilité d’être optimiste ?
Environnement, climat, défense, déséquilibre
