Le changement climatique a des incidences sécuritaires croissantes, obligeant l’Union européenne et l’Otan à y réfléchir et à l’intégrer dans leurs doctrines et plans d’action. Cela signifie une prise en compte par les forces armées et à envisager de nécessaires mutations avec les difficultés de les concilier avec les exigences opérationnelles dans un contexte international fracturé.
Les changements climatiques, un défi majeur pour l’UE et l’Otan
Climate Change, a Major Challenge for the EU and NATO
Climate change is having a growing impact upon security, which is compelling the European Union and NATO to study the issue more deeply and to incorporate it into their doctrines and plans of action. In turn this means that the armed forces have to take it into account and anticipate the necessary developments, and the problems that might arise in reconciling them with operational demands in a fragmented international context.
Note préliminaire : L’auteure s’exprime à titre personnel. Le présent article est extrait de l’étude : Hoorickx E., « Les armées face aux changements climatiques : état des lieux et défis à relever pour la Défense belge », Sécurité & Stratégie, n° 153, juin 2023, IRSD (https://www.defence-institute.be/publications/securite-strategie/ss-153/).
Si l’UE et l’Otan s’engagent dans le domaine de l’énergie et de la protection de l’environnement depuis plusieurs décennies, ce n’est que très récemment qu’elles intègrent les incidences sécuritaires du changement climatique dans leurs doctrines et plans d’action. Celui-ci est désormais considéré comme un défi sans précédent, voire comme « le plus grand défi de notre temps » selon l’Otan (1). Les défis que les institutions de défense ont à relever en matière d’adaptation et d’atténuation (2) restent pourtant énormes et nécessitent une coopération accrue entre les deux organisations.
« Défense verte » et « sécurité climatique » : de quoi parle-t-on ?
Il n’existe pas, ou pas encore, de corpus de définitions agréé aux niveaux international et national relatif aux politiques publiques visant non seulement à répondre aux défis de sécurité et de défense posés par le changement climatique, mais également à réconcilier défense et environnement. Dès lors, dans un souci de clarté et d’identification des enjeux pour les forces armées, Nicolas Regaud, conseiller « climat » du major général des armées (France), propose de retenir deux grandes catégories d’actions liées à l’environnement et au climat. Il s’agit d’une part, de la « défense verte », qui englobe les mesures d’atténuation visant la réduction de l’impact des forces armées sur l’environnement et d’autre part, de la « sécurité climatique », qui comprend les mesures d’anticipation et d’adaptation aux conséquences des changements climatiques sur l’environnement stratégique et les missions des armées (3). L’expression « défense verte » fait d’ailleurs son apparition dans les documents de l’UE et de l’Otan dès le début des années 2010 (4) tandis que celle de « sécurité climatique » est plus récente (5).
Il reste 91 % de l'article à lire
Plan de l'article