La guerre en Afghanistan a montré les limites de la diplomatie européenne, trop dépendante des positions de Washington et manquant de souplesse face à la rigidité du processus décisionnel en place à Bruxelles. Il faut accepter de prendre des risques et exister face à la suprématie américaine en étant davantage crédible.
Un diplomate européen à l’épreuve de la guerre en Afghanistan
A European Diplomat Put to the Test by the War in Afghanistan
The war in Afghanistan showed the limits of European diplomacy, too dependent on Washington’s positions and lacking in flexibility because of the rigidity of the decision-making process in Brussels. We have to accept risk and to face up to American supremacy by making ourselves more credible.
En tant qu’Ambassadeur de l’Union européenne à Kaboul, j’ai pu observer une conjugaison de deux actions : on combat et dans le même temps on négocie, ce que les Anglo-Saxons appellent « fight and talk ». Or, le scénario traditionnel est plutôt séquentiel : on négocie, l’échec des négociations conduit à la guerre, et au moment où la guerre se termine, on reprend les négociations. En réalité, on vit de moins en moins dans cette chronologie. Pour l’illustrer, faisons un bref rappel relatif à la chronologie de l’intervention européenne en Afghanistan : après l’intervention combinée des États-Unis et de l’Alliance du Nord qui chasse les Talibans du pouvoir en 2001, ces derniers se dispersent mais progressivement se reconstituent et deviennent une force opérationnelle de plus en plus crédible qui se confronte à l’Armée nationale afghane (ANA). Celle-ci est soutenue, équipée et accompagnée surtout par les États-Unis, puis progressivement par leurs alliés dans le cadre d’une mission de l’Otan, la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS ou ISAF). Il s’agit d’une mission de combat qui a duré jusqu’en 2014. Des militaires européens ont été déployés dans ce cadre, y compris des militaires français. La France, qui s’est retirée militairement d’Afghanistan en 2012, y a perdu 88 militaires et plusieurs centaines d’autres ont été blessés.
À partir de 2014, cette mission de combat de l’Otan prend fin ; elle est remplacée par une mission d’entraînement, de conseil et d’assistance, toujours sous l’égide de l’Otan, la mission Resolute Support. Aux côtés d’une force américaine principale, on trouve des contingents européens, britanniques, allemands, italiens et d’autres nationalités.
S’il n’y a pas en tant que telles de missions militaires de l’UE, il existe cependant une mission de police de l’UE, EUPOL, qui a aidé à la réforme de la police afghane et qui a compté jusqu’à 500 cadres policiers ou gendarmes.
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