Il est indispensable d’établir un dialogue permanent entre le politique, le militaire et le diplomate face la crise ou à la guerre. Cela passe par une meilleure connaissance mutuelle et une capacité à travailler ensemble. En France, cette dimension interministérielle fonctionne bien. Il importe que ces pratiques s’étendent aux institutions européennes.
Colloque – « Diplomate européen et militaire européen à l’épreuve de la guerre »
Symposium–European Diplomats and Military Personnel Tested by War
It is essential, when faced with crisis or war, that a permanent dialogue be established between the political, military and diplomatic spheres. That requires each to have better knowledge of the others and the capability to work together. Such inter-ministerial communication works well in France and it is important that these practices be extended to the European institutions.
La relation diplomate et militaire est en constante relation avec le politique. Pour aborder cette relation triangulaire lors de la Conférence-débat du 11 janvier 2023, EuroDéfense a fait appel au général Benoît Durieux, actuel directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et ancien chef du cabinet militaire du Premier ministre, par surcroît historien et auteur de nombreuses publications ; à Sylvie Bermann, Ambassadeur de France, ambassadeur à Pékin (2011), à Londres (2014) et à Moscou (2017) ; à Françoise Grossetête, députée européenne de 1994 à 2019, rapporteur du FEDef ; et à Claude-France Arnould, ancienne directrice exécutive de l’Agence européenne de défense (AED) et ancienne directrice « gestion des crises et planification » au Conseil de l’Union européenne (2001-2011).
Politique-militaire-diplomate : un consensus permanent à bâtir
Les opérations militaires extérieures constituent un univers particulier dans lequel le militaire est souvent amené à exercer également un rôle politique et diplomatique. Les trois fonctions, militaire, diplomate et politique, sont certes différentes mais interagissent et se confondent parfois.
Dans quelle mesure les connaissances théoriques et historiques sont-elles utiles dans l’action ? Comment la réflexion générale nourrit-elle l’homme de terrain et réciproquement ?
Benoît Durieux : Quand Clausewitz affirme que la guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens, on est au cœur des relations entre diplomates et militaires. Mais il ne faut pas se méprendre sur la pensée de Clausewitz : ce serait en effet une erreur de penser que le politique fixe les objectifs et que le militaire est celui qui les atteint. Ce n’est pas le sens profond de la pensée de Clausewitz qui écrit expressément que « faire la guerre, c’est continuer la politique en livrant bataille plutôt qu’en livrant des notes diplomatiques ». Il existe donc deux sortes de dialogues : le dialogue diplomatique – d’ordre rationnel – et le langage de l’épreuve de force, autrement dit deux grands schémas des relations politico-militaires.
Il reste 88 % de l'article à lire
Plan de l'article