La guerre du Kippour, il y a juste 50 ans, fut une très désagréable surprise stratégique pour Israël. Elle permit notamment à l’Égypte de retrouver une fierté militaire, autorisant plus tard l’ouverture d’un processus de paix avec Tel-Aviv. Au regard de la guerre actuelle de Gaza, de nombreux enseignements restent pertinents, y compris pour nos propres forces.
Histoire militaire - Une surprise stratégique cinquante ans avant Gaza : la guerre du Kippour
Military History–A Strategic Surprise Fifty Years Before Gaza: the Yom Kippur War
The Yom Kippur War of just 50 years ago was a particularly unpleasant strategic surprise for Israel. In particular it allowed Egypt to recover its military pride, in turn leading to the later peace process with Tel Aviv. Relating that war to the current one in Gaza, a number of lessons remain pertinent—for our own forces, too.
Voulue planifiée et conduite par le président égyptien Anouar el-Sadate, la guerre du Kippour, déclenchée le 6 octobre 1973, jour du Grand Pardon des Israélites (Yom Kippour) et en plein Ramadan, trouve son origine dans le sentiment de revanche provoqué par l’humiliante défaite des États arabes, subie lors de la Guerre des Six Jours, en juin 1967. Sur le plan international, la situation paraissait bloquée, quel que soit leur instigateur, toutes les tentatives de paix ayant régulièrement échoué face à l’intransigeance des parties en présence.
Contexte
Lorsqu’il succède à Gamal Abdel Nasser en septembre 1970, le président Sadate mesure la nécessité de faire évoluer la situation, fort désavantageuse à l’égard de l’Égypte, car d’une part elle menaçait sa survie politique et d’autre part, conduisait lentement mais sûrement le pays à la ruine. Sadate se convainc rapidement qu’une nouvelle guerre avec Israël pourrait, seule, redistribuer les cartes sur l’échiquier du Moyen-Orient et il met rapidement le président syrien, Hafez el-Assad dans son jeu. Cette décision des présidents égyptien et syrien a été prise à l’aune de la réduction en leur faveur du rapport de force face à l’armée israélienne.
Il est flagrant qu’à la veille du conflit, pour les armées arabes, rééquipées en matériel moderne par l’Union soviétique et réalignées sur leurs tableaux d’effectifs, s’étant méthodiquement entraînées à la conduite d’un conflit moderne dans un contexte offensif et faisant preuve d’un excellent moral dû à l’entretien systématique d’un esprit de revanche, l’occurrence de vaincre Tsahal lors d’un conflit armé se présentait sous de bien meilleurs auspices qu’en 1967. A contrario, les généraux israéliens faisaient preuve vis-à-vis de leurs adversaires arabes d’un écrasant complexe de supériorité qui leur faisait un peu perdre le sens des réalités. Comme toute armée vainqueur, l’armée israélienne subit à cette époque un effet pernicieux de dégradation et de délitement de ses qualités qui se répercutait sur l’ensemble de son système se manifestant notamment par le recours à une stratégie de stricte défensive.
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