Le concept de « Sud global » est peu convaincant car trop réducteur des réalités géopolitiques, économiques et sociales. L’Afrique en est une illustration avec des objectifs très différents entre les pays. Le développement du continent africain est d’ailleurs un enjeu majeur, y compris pour l’Europe, partenaire essentiel.
Entretien - Le « Sud global » : un concept peu convaincant
Interview—Global South: an Unconvincing Concept
The concept of a Global South is somewhat unconvincing, as it offers too simplistic a view of geopolitical, economic and social realities. Africa is a good illustration of this: countries there are pursuing distinctly different aims. The development of the African continent remains a major challenge—for its essential partner, Europe, too.
J. Attali : Je ne suis pas convaincu par le concept de « Sud global », qui n’est d’ailleurs pas accepté par le G7 ou le G20. Il s’agit en fait d’une idée ancienne, qui date des années 1950, avec la charte de Bandoeng (1955), le mouvement non-aligné, le groupe des 77 (2), le Tiers-Monde… Mais c’est un faux concept, car il y a dans le Sud à la fois des démocraties et des dictatures, comme au sein des BRICS d’ailleurs. Et ce serait dangereux que ce concept devienne vrai, car si on demandait aux démocraties du Sud de choisir une alliance avec les démocraties ou avec le Sud, elles choisiraient le Sud.
On sait, en outre, que la Chine et la Russie jouent là-dessus pour développer leur influence et instaurer des régimes totalitaires. Or, nous, Occidentaux, avons intérêt à l’établissement et au renforcement des démocraties dans le Sud. Nous n’avons pas jusqu’ici de dictatures dans le Nord (mais peut-être qu’il y en aura une aux États-Unis). Les pays du Sud qui marchent le mieux sont des démocraties et les pays de liberté sont mieux placés pour assurer leur développement. En revanche, la Chine va dans le mur.
Le politologue américain Zbigniew Brzeziński (1928-2017) parlait d’une alliance mondiale des démocraties. Si elle n’est pas un prétexte à l’élargissement de l’Otan, cette alliance aurait un sens car le concept de démocratie n’est pas seulement occidental : il a aussi des racines indienne, africaine (la palabre) ou arabe (la shoura). À mon sens, la meilleure définition de la démocratie est « la décision par le débat sans peur » (de l’arbitraire).
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