L’Occident dans sa diversité est désormais sur la défensive face à la montée des pays du Sud. Ceux-ci, poussés par la Russie et la Chine, semblent bousculer l’ordre issu de l’après-1945. Et pourtant, il est nécessaire de bâtir ensemble un avenir viable dans un monde multipolaire. Cela passe toutefois par un Occident capable de réaffirmer son attractivité.
Le Sud global contre l’Occident
Global South versus The West
The highly diverse West is finding itself on the defensive in the face of the increasing influence of countries in the south. Encouraged by Russia and China, the latter are upsetting the order established during the post-1945 period. We nevertheless need to work together to build a viable future in a multi-polar world, yet to do so will require a West that is capable of reasserting its attractiveness.
Le XXIe siècle est l’âge de l’histoire universelle. La désintégration de l’Union soviétique, la mondialisation du capitalisme et la révolution numérique ont connecté tous les hommes et les ont plongés dans un même système économique et international. Tous sont désormais confrontés à des risques planétaires : krachs financiers, pandémies, cyberattaques, prolifération des armes de destruction massive, dérèglement climatique. L’humanité partage ainsi nombre de défis communs, mais ses valeurs, ses croyances, ses institutions, ses mœurs sont non seulement différentes mais divergentes. L’histoire est globale, mais elle n’est ni stable, ni pacifique.
Un Sud de plus en plus émergé et autonome
Cette troisième mondialisation, après les Grandes Découvertes et la constitution des empires coloniaux au XIXe siècle, est l’enfant de l’Occident et de ses principes. Cependant, elle s’est retournée contre lui, le privant du monopole qu’il exerçait sur l’histoire du monde depuis la fin du XVe siècle, en même temps que les États-Unis voyaient disparaître la réassurance du capitalisme et du système international qu’ils assuraient depuis 1945. Les États-Unis ont cédé à la démesure et l’Europe au mythe de la fin de l’histoire. Avec pour conséquences la perte de la maîtrise de l’ordre mondial à la suite de la cascade des guerres perdues qui succédèrent aux attentats de 2001, du capitalisme mondialisé lors du krach de 2008, de la sécurité sanitaire avec la pandémie de la Covid-19 en 2020, de l’initiative de la guerre avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 puis l’attaque meurtrière du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Les pays du Sud se sont engouffrés dans le vide laissé par la crise, le retrait et le désarroi des démocraties occidentales, de plus en plus en apesanteur par rapport à la liberté et à la raison qui fondèrent leur prospérité et leur influence. La mondialisation a transformé les pays émergents en pays émergés. Rompant avec les deux décennies perdues de la fin du XXe siècle, les pays du Sud ont réalisé leur décollage, générant les deux tiers de la croissance mondiale depuis 2000. Ils assurent désormais 54 % de la production industrielle, ce qui leur a permis de combler plus du tiers de l’écart de richesse avec le monde développé depuis 1990. L’Asie s’affirme comme l’épicentre du XXIe siècle, le Pacifique se substituant à l’Atlantique. Elle concentre aujourd’hui 60 % de la population mondiale, 35 % de la production et s’impose depuis 2010 comme la première zone commerciale de la planète devant l’Amérique du Nord et le grand marché européen.
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