Le concept de « Sud global » revendiqué par certain est réducteur, voire périlleux car il mélange trop de notions et crée des clivages peu convaincants. Cependant, il convient d’observer un fait géopolitique avec des remises en question et des interrogations légitimes de nombreux États quant à leurs relations multilatérales.
La notion de « Sud global » : artificielle, voire dangereuse
The notion of Global South: Artificial, Dangerous…
The concept of Global South, as advanced by some, is simplistic—dangerous, even—since it mixes too many notions and creates unconvincing divisions. That said, one has to acknowledge this geopolitical fact with the questions it raises and the legitimate doubts of a number of countries regarding their multilateral relationships.
Note préliminaire : Ce texte synthétise et actualise un article publié par Le Grand Continent en octobre 2023 sous le titre « Le piège du Sud global ».
La notion de Sud global n’est ni pertinente ni efficace pour caractériser l’évolution des grands rapports de force internationaux. Surtout, elle enferme le discours politique dans une simplification contreproductive et peut-être dangereuse.
Cette expression ne recouvre aucune cohérence ou unité, politique ou économique. La Chine populaire dépasse tous les autres pays concernés : non seulement parce qu’elle est membre permanent du Conseil de sécurité, mais surtout parce qu’elle domine de la tête et des épaules les autres émergents. Comment peut-on traiter ensemble les États qui revendiquent une attitude ouvertement confrontationnelle à l’égard de l’Occident et ceux qui veulent se tenir à l’écart des grands rapports de force ou cherchent une position d’équilibre ? Le Sud global est le mariage de la carpe anti-occidentale avec le lapin non-aligné, des alliés de la Russie avec des États qui penchent vers l’Ouest. Il est censé inclure tout autant la Syrie et l’Iran dont on sait à quel point ils sont proches de Moscou, que l’Arabie saoudite qui souhaite obtenir des garanties de sécurité de la part des États-Unis, ou que l’Inde qui revendique d’être « non-occidentale, mais pas anti-occidentale » ; la Malaisie en plein décollage économique et la Zambie dont le revenu par habitant est dix fois inférieur, l’Uruguay démocratique et le Sud-Soudan au bas de l’échelle du développement politique.
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