La guerre imposée par le Hamas le 7 octobre 2023 à Israël a enclenché une spirale infernale avec une montée aux extrêmes, remettant brutalement en cause les acquis du droit des conflits armés. À cela s’ajoutent des dimensions millénaristes, antagonistes, éloignant un peu plus une perspective de dialogue. Le temps est encore à la guerre, encore loin de l’après.
La guerre Hamas-Israël ou le risque de prophéties autoréalisatrices
The Hamas-Israel War and the Risk of Self-Fulfilling Prophesies
The war started by Hamas against Israel on 7 October 2023 began an infernal spiral towards extremes of action which are cruelly challenging the accepted standards of the laws of armed conflict. Added to that, the millennialist and antagonist dimensions make any perspective of dialogue even more difficult. War continues to rage: what might happen afterwards remains way beyond the horizon.
« Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s’éveillent au jour pour découvrir que ce n’était que vanité ;
mais les rêveurs de jour sont plus dangereux, ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts pour le rendre possible (1) ».
T.E. Lawrence
L’Occident éprouve des difficultés à comprendre, voire à décoder des comportements qui n’apparaissent pas comme procédant d’une analyse rationnelle. Cette difficulté apparaît particulièrement prégnante en France, du fait de sa culture à la fois cartésienne et laïque particulièrement réticente à s’abstraire de la pensée logique. D’un point de vue occidental, l’attaque du Hamas (2) contre Israël semble procéder d’un scénario de cauchemar devenu réalité. Cet aveuglement semble avoir touché aussi la nouvelle génération israélienne qui avait tendance à percevoir le Proche-Orient comme un espace durablement globalisé et finalement pacifié. Le caractère, à nos yeux, aberrant de cette attaque – et sa réussite indéniable tout au moins dans sa première phase –, devrait nous obliger de tenter d’analyser rationnellement l’irrationnel. Tout se passe comme si l’environnement religieux des acteurs n’était pas compris, voire complètement exclu de l’analyse des mouvements islamistes. Au-delà de ce qui peut sembler constituer un pari hasardeux, il apparaît que certains de ces groupes croient profondément qu’en initiant des actes de djihadisme même non dépourvus d’erreurs tactiques, la providence divine serait susceptible de créer des opportunités permettant un succès final.
L’action du 7 octobre, opération de guerre hybride mêlant raid commando (sur les quartiers-généraux militaires et de renseignement), le traditionnel rezzou (pillage et rapt d’otages) et une tuerie digne d’un Einsatzgruppen, est l’œuvre d’un mouvement contesté – à Gaza même – s’appuyant sur des alliés eux-mêmes en perte de vitesse (Hezbollah et Iran (3)), derniers vestiges d’un « Front du refus » réunissant des États de la région à la gouvernance plus que problématique.
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