La présence de Volodymyr Zelensky à la cérémonie d’investiture du nouveau chef de l’État argentin, Javier Milei, a traduit une inflexion majeure pour la deuxième puissance du continent sud-américain. Les positions « libertariennes » de J. Milei prennent à contre-pied celles du Brésil ou du Nicaragua. Il faudra désormais regarder les effets des réformes qui seront engagées par Buenos Aires.
Amérique latine - Vers une alliance Milei-Zelensky ?
Latin America—A Milei-Zelenskyy Alliance?
Volodymyr Zelenskyy’s presence at the investiture of Javier Milei, the new Argentine head of state, was a demonstration of a major change of direction for South America’s second power. Milei’s somewhat libertarian positions run counter to those of Brazil and Nicaragua. We now need to watch closely the effects of the Buenos Aires reforms.
La présence du Président ukrainien à l’investiture du nouveau chef de l’État argentin, Javier Milei, élu le 19 novembre 2023, a retenti dans plusieurs chancelleries latino-américaines comme un coup de tonnerre. Les marques d’amitié et de proximité affichées par Javier Milei à l’égard de son homologue officialisent une rupture en matière de politique étrangère, avec son prédécesseur, Alberto Fernandez, qui avait déclaré en février 2022 depuis Moscou, qu’il souhaitait voir l’Argentine devenir « la porte d’entrée de la Russie » en Amérique latine.
Cet axe Buenos Aires–Kiev n’est pas sans conséquences en Amérique latine qui, depuis le début de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, a affiché une forme de neutralité (1) malgré le vote, par la majorité des pays du continent, des deux résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU (2). Javier Milei, dans le style direct et sans concession qui le caractérise, tente d’établir une nouvelle ligne internationale, en opposition avec celle prise notamment par le Brésil, la Colombie, le Chili ou le Mexique. La posture est la même sur le conflit entre Israël et le Hamas : pendant la campagne présidentielle, Javier Milei a émis l’idée de se convertir au judaïsme pour marquer son soutien à Israël.
Quel schéma international pour le nouveau Président argentin ?
Affichant une approche politique perçue comme ultralibérale, Javier Milei, qui se qualifie de « libertarien », entendait s’opposer aux gouvernements actuellement majoritaires, issus de plusieurs mouvements de gauche. En matière de politique étrangère, le sentiment d’une tentation avec le « Sud global » (3), ouvrant une brèche dans l’alliance avec le camp occidental, s’est renforcé. Il est vrai que pendant toute la période de la guerre froide, l’Amérique latine était perçue, dans sa diversité, comme globalement ancrée à l’Ouest. La présence soviétique avait été « contenue » : sur le plan stratégique, la crise des missiles de Cuba en octobre 1962, avait constitué un tournant. Avec Cuba, seul le Nicaragua (4) était parvenu, en 1979 à renverser le régime pro-occidental d’Anastasio Somoza. L’intervention armée nord-américaine, à la Grenade, en 1983, l’opération Just Cause au Panama en 1989 (5), le soutien aux régimes en place contre les guérillas marxistes en Amérique centrale ou dans les pays andins étaient l’illustration de cette stratégie de « containment » dans un système bipolaire international.
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