Editorial
Éditorial
Guerre navale en mer Noire, frappes des rebelles houthis sur des navires en mer Rouge avec un impact déjà notable sur l’économie mondiale – hausse des tarifs du transport maritime, sans oublier le manque à gagner pour l’Égypte et le canal de Suez (sa troisième source de revenus) – et sans aller jusqu’à l’affrontement direct, l’accroissement des tensions sur le bien commun que constituent les océans.
La maritimisation du monde est une réalité déjà ancienne mais qui ne cesse de croître, impactant directement nos économies et donc nos modes de vie. Or, trop souvent la distance géographique des zones crisogènes nous fait oublier cette réalité. Notre sécurité et donc notre souveraineté se jouent par-delà les terres et les océans. L’histoire fait que la France est, des pays européens, celui qui est présent quasiment sur tous les continents et les mers, de la Polynésie française à l’îlot de Clipperton au large du Mexique. Cela exige de se donner les moyens de garantir notre liberté d’action.
Ces événements et le 24 février 2022 démontrent d’une part, le retour au rapport de force avec le risque réel de confrontation et, d’autre part, la nécessité d’avoir les outils pour faire face à cette montée des tensions clairement assumée par nos compétiteurs stratégiques dont la Russie en premier plan. Parmi ces outils, les Groupes aéronavals (GAN) autour d’un porte-avions permettant de projeter nos forces là où c’est nécessaire. La France et les États-Unis disposent de cette capacité majeure qui, aujourd’hui encore, démontre sa cohérence et son adaptabilité. Le PA Charles-de-Gaulle vient d’effectuer une période d’Indisponibilité pour entretien intermédiaire (IEI) de plusieurs mois à Toulon avec remise à niveau de nombreux équipements et rénovation de zones vie du bâtiment afin de lui redonner un potentiel conséquent pour répondre à de nouvelles menaces. À cet arrêt technique succède désormais une phase de remontée en puissance, pour pouvoir demain réengager le GAN dans de nouvelles missions au sein d’un espace maritime qui n’est plus permissif.
On s’était habitués trop facilement à cette relative tranquillité sur les mers au point de s’interroger sur la pertinence d’un GAN qui, par sa technicité, est particulièrement coûteux. Cependant, au regard de cet environnement géostratégique très dégradé, il demeure un acteur de premier plan, assurant non seulement un rôle de diplomatie navale, mais également une capacité majeure de coercition face à des entités hostiles.
Ces réflexions autour de cette composante majeure de nos forces doivent également prendre en compte les évolutions géopolitiques liées aux océans qui touchent de nombreux domaines d’activités humaines. Les interactions dans tous les espaces, du fond des mers aux voûtes étoilées, en passant par le cyber, rythment non seulement notre quotidien mais de la manière dont nous les contrôlerons dépendra très certainement notre capacité à agir et à assumer notre souveraineté. ♦