L’Otan dispose de capacités nucléaires avec les bombes B61 américaines stationnées et stockées dans plusieurs pays européens. Cette dimension de l’Alliance est essentielle et a été remise en avec la guerre imposée par la Russie à l’Ukraine. Les B61 nécessitent des infrastructures dédiées et protégées.
La bombe nucléaire américaine B61 en Europe (1/2) Situation actuelle
The US B61 Nuclear Bomb in Europe (1/2): the Current Situation
NATO’s nuclear capability is provided by US-supplied B61 bombs, which are stationed and stored in several European countries. This vital dimension of the Alliance has once again been highlighted in the context of the war imposed by Russia on Ukraine. The B61 stocks require dedicated and protected infrastructure.
Parmi les interrogations que soulèvent les élections américaines de novem-bre 2024 se trouve à nouveau la question du degré de solidarité américaine en matière de défense européenne et d’Alliance atlantique, en particulier au sujet du soutien à l’Ukraine. Les exigences américaines à propos d’une plus grande prise de responsabilité de la part des Européens dans leur défense par l’augmentation minimum du pourcentage des dépenses de défense à hauteur de 2 % ne sont pas nouvelles, nonobstant la volonté de Washington de maintenir à horizon prévisible sa prédominance doctrinale, militaire et commerciale (1) vis-à-vis des Européens.
Jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis tolèrent l’existence de la Politique européenne de sécurité et de défense (PSDC) – et, auparavant, de feue l’Union de l’Europe occidentale (UEO) (2) – tant qu’elle ne fait pas de l’ombre à la prédominance otanienne. En outre, les pays européens membres de l’Alliance sont les premiers à défendre cette institution, garante de la solidarité transatlantique et de la sécurité dure (hard security) grâce au poids de la puissance américaine et à sa caution interventionniste et dissuasive.
Lors du Sommet de juillet 2018, il était déjà affirmé qu’« aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires, l’Otan restera une alliance nucléaire. […] Les forces stratégiques de l’Alliance, et en particulier celles des États-Unis, sont la garantie suprême de la sécurité des Alliés. Les forces nucléaires stratégiques indépendantes du Royaume-Uni et de la France ont un rôle de dissuasion propre et contribuent de manière significative à la sécurité globale de l’Alliance ». L’Alliance atlantique, par ses porte-parole ou son secrétaire général, et certains gouvernements nationaux ont régulièrement précisé aux Russes l’inutilité d’évoquer l’arme nucléaire ou de menacer de l’employer. En outre, l’Otan rappelle dans le (nouveau) Concept stratégique de 2022 qu’elle a « les capacités et la détermination voulues pour faire payer à tout adversaire un prix inacceptable, largement supérieur aux gains que celui-ci pourrait espérer obtenir ». L’Otan sous-entend également que les potentiels nucléaires se faisant face assurent une dissuasion réciproque (3), chaque puissance nucléaire pouvant promettre des destructions mutuelles assurées via des forces protégées sous les eaux, en silos ou en mobilité terrestre. De plus, la Russie, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France font reposer leur dissuasion sur le first use, à savoir l’emploi en premier de l’arme nucléaire, rehaussant d’autant la force de dissuasion.
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