L’Occident militaire – essentiellement la France et les États-Unis – connaît des difficultés au Sahel, au point de devoir quitter certains États après des années de présence. La concurrence de la Russie, de la Chine mais également de la Turquie oblige à revoir nos partenariats dans un contexte de contestation anti-occidentale par les opinions publiques africaines.
S’adapter ou partir : le dilemme de l’Occident militaire au Sahel
Adapt or Leave: the Dilemma for Western Military Forces in the Sahel
Western military forces, essentially French and US, experience difficulties in the Sahel to the extent of having to leave some countries after several years’ presence there. Competition from Russia and China—from Turkey, too—is pressing us to review our partnerships in an atmosphere of anti-Western sentiment among African public opinion.
Après son arrivée au pouvoir, par un coup d’État, le 26 juillet 2023, le régime de Niamey avait dénoncé des accords de coopération militaire avec la France, et les derniers soldats français avaient alors quitté le Niger à la fin de décembre 2023. De leur côté, les États-Unis avaient suspendu leur coopération militaire avec le Niger. Toutefois, avec quelque 1 100 militaires engagés dans la lutte antidjihadiste dans le pays et disposant d’une importante base de drones à Agadez, Washington avait fini par adopter une démarche réaliste : en décembre 2023, l’Administration Biden s’était dite prête à reprendre cette coopération, sous conditions.
Cependant, en mars 2024, le général Tiani, chef du Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP), avait annoncé l’expulsion des soldats américains. De façon générale, ce départ forcé tend davantage les relations avec les pays occidentaux. Le Niger est devenu un théâtre de confrontation entre des puissances rivales. D’un côté, la Russie qui est accueillie à bras ouverts et qui s’illustre par son pragmatisme, et de l’autre, les puissances occidentales dont la présence est dénoncée par des peuples instrumentalisés par une élite militaro-politique. Le Front patriotique pour la souveraineté (FPS), une coalition soutenant les militaires, avait salué « une décision courageuse » de la junte. Pour le FPS, les accords militaires passés avec les Occidentaux donnaient des « prérogatives excessives aux forces étrangères ».
Dernier pays de la région du Sahel à accueillir en grand nombre des militaires occidentaux mobilisés contre le terrorisme, le Niger est désormais un allié de la Russie. C’est un retournement d’alliance. Relevons que les pays occidentaux présents au Sahel se sont illustrés par un manque de solidarité. Le départ des forces françaises et américaines est néanmoins un risque pour la sécurité internationale. Le Sahel s’érige en base arrière du terrorisme dont les actions fragilisent, en premier lieu, les sociétés sahéliennes, avant de s’attaquer aux intérêts occidentaux. Dès lors, l’Occident militaire est nécessaire au Sahel : il pallie les insuffisances des partenaires locaux. Toutefois, l’Occident militaire doit désormais coexister aux côtés d’autres acteurs, lesquels seraient considérés comme alliés, concurrents voire ennemis.
Il reste 86 % de l'article à lire
Plan de l'article