L’Amérique latine semblait être éloignée des lignes de tensions internationales. Mais avec la guerre de la Russie contre l’Ukraine et la riposte d’Israël à Gaza après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, le panorama a évolué avec des prises de position contradictoires entre les États soutenant l’idée d’un Sud global comme le Brésil, et l’Argentine du président Milei ouvertement pro-Occident. Trouver un équilibre devient impératif.
Amérique latine - L’inévitable rupture idéologique ?
Latin America—An Inevitable Ideological Breakdown?
It once seemed that Latin America was well away from the lines of international tension, but with Russia’s war against Ukraine, and Israel’s retaliation on Gaza following the Hamas attack of 7 October 2023, matters have evolved. We now see contradictory positions being taken: countries which support the idea of a Global South, such as Brazil, contrast with the openly pro-Western Argentina of Javier Milei. It is essential to find a balance.
Depuis l’attaque par l’Iran contre Israël le 14 avril 2024, les tensions inter-nationales ont encore franchi un seuil. Déjà renforcées depuis le déclenchement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie d’une part, et le conflit entre Israël et le Hamas d’autre part, elles ont rattrapé l’Amérique latine. Ces dernières années, ce continent paraissait à l’extérieur des enjeux globaux pendant la crise de Covid-19 (1). Il semble désormais happé par le tumulte du monde, entraîné dans une rivalité idéologique avec l’émergence de deux blocs antagonistes.
Quel a pu être l’élément déclencheur de cette nouvelle réalité ? Sans nul doute, l’arrivée au pouvoir en Argentine de Javier Milei qui a assumé ses fonctions le 10 décembre 2023 en prenant des positions pro-occidentales affirmées et en rupture avec ses prédécesseurs (2). L’ancien président Alberto Fernandez (3) affirmait au contraire, depuis Moscou le 3 février 2022, deux semaines avant le déclenchement des hostilités contre l’Ukraine qu’il souhaitait faire de l’Argentine, « la porte d’entrée de la Russie en Amérique latine ». Soutien assumé à l’Ukraine à tel point que Volodymyr Zelensky était présent à son investiture (4), appui constant et sans concession en faveur d’Israël, alliance renouvelée avec les États-Unis en facilitant, notamment dans le cadre d’une visite du général Laura Richardson, commandante des forces américaines pour l’Amérique latine, à Ushuaia ouvrant un accès stratégique à la région antarctique, mettant un terme aux efforts chinois (5), autant de positions visant à rappeler la position de l’Argentine sur l’échiquier international. Les postures et critiques envers certains chefs d’État comme ceux de Colombie, du Brésil, du Venezuela ou du Nicaragua, complètent un ensemble qui permet de faire émerger un front idéologique alternatif à celui qui existait majoritairement, depuis la pandémie, tenté par le « Sud global » (6).
Vers la constitution de fronts idéologiques antagonistes ?
Les flux migratoires font apparaître une violence sociale. L’ancrage et le développement des trafics de drogue, particulièrement de la cocaïne conduisant à des attaques contre certains États comme l’Équateur, en lien avec certains cartels comme celui de Sinaloa au Mexique, obligent les pays à se recentrer à la fois, sur les sujets de politique intérieure et de sécurité aux dépens d’une action sociale et inclusive, essentiellement portée par des gouvernements de gauche désormais sous tension : le Mexique, le Honduras, le Guatemala, la Colombie, le Brésil, le Pérou sont concernés. Le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie et Cuba constituent la base d’un « Sud global » offensif, ancré dans une relation avec la Russie et s’affichant comme un mouvement anti-occidental, entendu comme anti-américain.
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