Le 6 juin, l'armée israélienne envahit le sud du Liban (Opération Paix en Galilée), officiellement dans le but de faire cesser les attaques de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) lancées depuis le Liban et en riposte à l'attentat contre son ambassadeur en Grande-Bretagne. L’auteur, spécialiste des relations internationales, détaille les enjeux et objectifs des différents pays à l’œuvre (directement ou en sous-main) ainsi que les premiers résultats.
Politique et diplomatie - La stratégie israélienne au Liban
À peine séchée l’encre de mes deux derniers articles (1), qui traitaient des conflits alors en cours, conflit anglo-argentin sur les îles Malouines et conflit irako-iranien, que le troisième conflit latent entre Israéliens et Arabes se rallumait au Liban. Sans remonter aux causes lointaines de ce conflit, et pour m’en tenir aux causes immédiates, je rappellerai quelques données qui, bien qu’établies, ont été le plus souvent laissées dans l’ombre par les moyens d’information. Le 3 juin, l’ambassadeur d’Israël en Grande-Bretagne était très sérieusement blessé à Londres par des terroristes. Ses assaillants étaient arrêtés. Le lendemain, l’aviation israélienne effectuait sur Beyrouth, en représailles, un bombardement particulièrement meurtrier. Les Palestiniens ripostaient par des tirs sporadiques contre les colonies juives de Galilée. Le cessez-le-feu conclu en juillet 1981, et plus ou moins strictement appliqué entre Israël et l’OLP, était ainsi rompu. Le 6 juin, des forces israéliennes considérables franchissaient la frontière libanaise. Le prétexte invoqué était l’attentat commis à Londres contre l’ambassadeur, et les tirs d’artillerie que les Palestiniens avaient déclenchés en réponse au bombardement de Beyrouth. Mais l’ampleur des moyens mis en œuvre par Israël (une force équivalente à celle qui, en 1967, s’opposa à l’armée égyptienne) implique que l’opération était préparée de longue date et que ses objectifs dépassaient largement une mesure d’intimidation à l’égard de l’OLP. À dire vrai, on savait un peu partout depuis plus de deux mois au moins que le gouvernement de M. Begin préparait une action d’envergure contre l’OLP.
L’attentat contre l’ambassadeur Argov, mis immédiatement sur le compte de l’OLP, n’a donc constitué qu’un prétexte. En vérité, selon les enquêteurs britanniques, les auteurs de l’attentat appartiendraient au groupe d’Abou Midal (qui se trouve actuellement à Bagdad, et qui est farouchement opposé à l’OLP et à Yasser Arafat en particulier). Si la plupart des gouvernements intéressés étaient au courant des préparatifs israéliens (le plan de M. Sharon était quasiment public), on doit en conclure que les États-Unis étaient pour le moins informés de ses intentions. Le ministre de la Défense s’était rendu à Washington quelques jours avant le déclenchement de l’opération. On peut être certain qu’il n’a pas demandé le feu vert des États-Unis. Ce n’est pas dans la manière d’Israël. Mais on peut être également assuré que les États-Unis connaissaient les intentions israéliennes. M. Begin et son ministre de la Défense, M. Sharon, ont, une fois de plus, choisi le moment d’une action préparée et annoncée.
Quant aux objectifs, l’entreprise israélienne visait d’abord à briser l’OLP en détruisant son implantation militaire dans le Sud-Liban et en éliminant ou en paralysant ses organes directeurs de Beyrouth.
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