Editorial
Éditorial
La France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, puissance nucléaire, hôte des Jeux olympiques et paralympiques de Paris cet été, est un acteur stratégique majeur sur la scène internationale. Celle-ci est, certes, de plus en plus contestée avec l’émergence de nouvelles puissances, remettant en cause à la fois l’Occident global et les règles du droit international mises en place aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale et confortées à la suite de la chute du Mur et de l’effondrement du bloc soviétique. Paris occupe ainsi une place majeure et peut-être sans équivalent en Europe, à part bien sûr Londres comme capitale stratégique.
Paradoxalement, la France ne disposait pas d’un grand forum de réflexion géopolitique regroupant décideurs politiques et militaires, universitaires et industriels, journalistes et intellectuels sur les questions de défense comme l’est depuis des décennies la Wehrkunde de Munich qui, chaque année en février, concentre les acteurs de la politique étrangère du monde entier. D’où la volonté du ministère des Armées de monter un nouvel événement amené à être pérenne avec la première édition du Paris Defence and Strategy Forum (PDSF) organisé par l’Academ et qui s’est tenu à l’École militaire les 13 et 14 mars 2024. À cette occasion, de très nombreuses rencontres ont pu être organisées dont une série de conférences centrée sur les enjeux de l’Intelligence artificielle (IA) au regard des besoins d’autonomie stratégique de l’Europe. La RDN, comme partenaire d’Academ publie ce panel d’interventions, coordonné par Christine Dugoin-Clément du Centre de recherche de la Gendarmerie nationale (CRGN), ouvrant ainsi une nouvelle ère pour l’École militaire, non seulement lieu de formation et de réflexion mais aussi de rayonnement pour la pensée stratégique française.
Il est en effet indispensable à l’heure où les défis géopolitiques sont majeurs avec deux guerres existentielles en Ukraine et aux Proche et Moyen-Orient d’avoir ce type de rendez-vous nous obligeant à confronter nos approches, comparer nos politiques de défense et enfin agir pour que l’Europe soit maîtresse de son destin et non subordonnée aux intérêts des uns et des autres.
À la réflexion théorique du premier PDSF s’ajoute une série d’articles préparant le prochain salon Euronaval qui se tiendra début novembre. Là encore, un événement essentiel à l’heure où la maritimisation du monde est une réalité avec bien sûr la compétition de plus en plus dure autour de la maîtrise des océans, que ce soit en surface ou dans les profondeurs. La France, deuxième ZEE mondiale, en est un acteur important mais qu’il faut sans cesse convaincre que son avenir se joue aussi sur les mers. Avec une contrainte majeure, celle du temps long : une politique maritime et navale demande des décennies d’efforts et d’investissements. Chaque fois que Paris s’est détourné de la mer, la sanction fut sévère. Cela oblige nos politiques à appréhender cette dimension essentielle et structurante dans une Europe très continentale. Une responsabilité que la France doit pleinement assumer.