L’Église orthodoxe russe en Ukraine est restée inféodée à Moscou via le patriarcat de Moscou. Celui-ci supporte totalement le régime de Vladimir Poutine en échange d’avantages colossaux. D’où la volonté des autorités de Kiev de couper les ponts avec l’Église russe, en favorisant une Église ukrainienne autocéphale, totalement indépendante.
Espionner ou prier : l’Église orthodoxe russe, comment l’Ukraine lutte contre cet outil du Kremlin
Spy or Pray: the Russian Orthodox Church—Ukraine’s Fight Against this Weapon of the Kremlin
The Russian orthodox Church in Ukraine remains under Russian control through the patriarchate of Moscow, which gives total support to Vladimir Putin’s regime in return for colossal advantages. Kyiv’s desire is therefore to sever ties with the Russian Church, by favouring an autocephalous, completely independent Ukrainian Church.
Note de la rédaction : Nous signalons à nos lecteurs qu’en septembre 2018, nous avons publié une Tribune (n° 1036) d’Ivo Paparella intitulée : « Ukraine, Russie et Églises orthodoxes : enjeux géopolitiques ».
Le 20 août 2024, le Parlement ukrainien (Verkhovna Rada) a adopté une loi historique, la loi n° #8371, visant à réguler, puis à interdire, les activités des organisations religieuses liées à la Russie. Cette décision marque une nouvelle étape dans la diminution de l’influence russe en Ukraine (1). Elle est fermement soutenue par la population ukrainienne : selon un sondage réalisé par l’Institut international de Kyiv de sociologie, plus de 50 % d’Ukrainiens soutiennent aujourd’hui l’Église orthodoxe d’Ukraine (UOC) autocéphale (2), qui siège à Kyiv et compte 8 000 à 9 000 paroisses. En outre, 83 % d’Ukrainiens pensent que l’État devrait intervenir dans les activités de l’UOC-MP (l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou). Seuls 5 % d’Ukrainiens soutiennent l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou, qui comptait près de 9 000 paroisses en Ukraine avant l’invasion, mais perdait des fidèles depuis (3). En effet, depuis le début de l’invasion russe, les liens entre UOC-MP et le Kremlin ont été de plus en plus mis en lumière. Accusée de propagande pro-russe et de collaboration avec les services secrets russes, l’UOC-MP a été placée sous haute surveillance.
Pourquoi et comment les autorités ukrainiennes sont-elles parvenues à l’interdiction législative de l’UOC-MP, qu’adviendra-t-il de l’Église, quand et par qui pourrait-elle être interdite, et en quoi ce précédent peut-il aider d’autres pays ? Cet article analyse l’instrumentalisation de l’Église par la Russie à des fins politiques, ses stratégies actuelles et les méthodes de résistance efficaces de l’Ukraine.
Il reste 87 % de l'article à lire
Plan de l'article