Editorial
Éditorial
En 1807, face aux besoins logistiques de son armée, l’empereur Napoléon Ier créa l’arme du Train des équipages, rompant avec la pratique de l’époque qui voyait des entrepreneurs privés se charger de transporter et de ravitailler les soldats, en dégageant des profits importants et sans répondre aux nécessités tactiques d’une armée qui savait se déplacer très vite. Par cet acte, Napoléon voulait concilier efficacité tactique et mobilité afin de l’emporter sur un ennemi qui, souvent, était en supériorité numérique.
À l’heure actuelle, nos forces sont projetées bien au-delà du territoire métropolitain. Vers l’est de l’Europe pour contrer la menace russe, redevenue une réalité depuis sa tentative de conquête de l’Ukraine, vers l’océan Indien en passant par une mer Rouge, théâtre de l’affrontement enclenché par les attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, ou même sur notre propre sol, en Nouvelle-Calédonie, où la violence s’était déchaînée au mois de mai dernier en dehors de toute volonté de dialogue. La capacité de mobilité stratégique est redevenue un élément central et indispensable pour notre défense et notre souveraineté, spécificité assez unique en Europe, rares étant les armées capables de telles projections jusqu’aux antipodes. C’est aussi la résultante de décennies d’efforts et de modernisation notamment des équipements servis par des équipages compétents et entraînés. Il n’en demeure pas moins nécessaire, au regard de la fragmentation du monde actuel et de la montée en tension des conflits, d’accroître nos moyens pour faire face. Certes, l’outil est plus performant qualitativement mais il faut augmenter le quantitatif, quitte à trouver de nouvelles modalités, allant de l’acquisition patrimoniale comme pour la flotte aérienne avec le binôme A330 MRTT–A400M à des externalisations ou des partenariats comme pour l’affrètement de navires. Il n’est plus possible aujourd’hui de penser que « l’intendance suivra ». Il faut désormais anticiper et changer de « logiciel ». Le temps du flux tendu et de la contractualisation dans l’urgence ne suffit plus.
Cette dimension portant sur la logistique et la mobilité a d’ailleurs été une des clés de la réussite, cet été, des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, où les armées ont été doublement contributrices avec l’« Armée des champions » qui a ramené bon nombre de médailles mais aussi par l’engagement dans la sécurisation des sites et des événements. La planification avec tous les partenaires et la conduite ont été un vrai succès et une démonstration que la France est, quand elle veut, une puissance responsable, organisée et efficace.
Quand ce numéro sortira, l’organisation et le fonctionnement du monde auront peut-être basculé dans une dimension encore inconnue avec l’élection américaine du 5 novembre. Jamais un scrutin n’aura été aussi important avec une incertitude totale à ce jour. Bien entendu, la RDN reviendra, dès le numéro de décembre, sur cet événement qui sera historique. Il y aura bien un Day After. ♦